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Le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, le 26 avril 2020 à Paris © AFP/Archives Joel Saget

A la veille d’un premier week-end loin de chez eux pour de nombreux Français, les experts missionnés par le gouvernement estiment que l’épidémie, si elle n’est pas terminée, est enfin « contrôlée » et envisagent la suite du déconfinement.

« On peut dire qu’actuellement, raisonnablement, l’épidémie est contrôlée », a estimé vendredi sur France Inter le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique chargé de guider les autorités face à la crise du coronavirus. « Le virus continue à circuler, en particulier dans certaines régions (…), mais il circule à une petite vitesse », a-t-il ajouté. L’épidémie a causé 44 nouveaux décès dans les hôpitaux en France, portant jeudi soir le bilan total à 29 065 morts depuis le début de l’épidémie, selon le bilan officiel. La baisse se poursuit en réanimation avec, à ce jour, 1163 malades (contre plus de 7000 au pic début avril), soit 47 malades de moins en 24 h.

En ce week-end de Fête des mères, les Français, qui ont pu retrouver depuis mardi les cafés, bars et restaurants dans les zones vertes et les terrasses dans les zones orange (Ile-de-France, Mayotte, Guyane) pourront, grâce à la fin des restrictions des déplacements depuis lundi, aller voir leurs proches dont ils ont été pour certains séparés depuis bientôt trois mois. Avec la réouverture progressive depuis cette semaine des plages, musées, monuments, zoos ou théâtres, en respectant certaines règles de distanciation ou de port du masque, ils vont aussi pouvoir retrouver le plaisir de renouer avec des loisirs oubliés.

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Augmentations journalières des morts du Covid-19 en France, des personnes en réanimation, des hospitalisations et des sorties d’hôpital, au 4 juin © AFP Simon Malfatto

Quatre scénarios

Dans ce contexte de liberté retrouvée et d’épidémie maîtrisée, le Conseil scientifique, préparant la suite, a publié jeudi un nouvel avis recommandant de se préparer à « quatre scénarios probables » pour les mois à venir, allant d’une « épidémie sous contrôle » à une « dégradation critique ». Le premier scénario, « le plus favorable », envisage seulement quelques foyers « localisés pouvant être maîtrisés ». Les autres envisagent « des clusters (foyers) critiques laissant craindre une perte de contrôle des chaînes et contamination » ou « une reprise progressive et à bas bruit de l’épidémie, plus difficile à identifier ». Le dernier serait celui d’une « dégradation critique des indicateurs » de suivi de l’épidémie, traduisant « une perte du contrôle » de cette dernière.

« Nous pensons que c’est le scénario numéro un, c’est-à-dire un contrôle de l’épidémie, qui est le plus probable. C’est lié à la fois aux conséquences du confinement, c’est lié au fait que ce virus est peut-être sensible à une certaine forme de température », selon Jean-François Delfraissy. « Le premier point, c’est de demander à tout le monde et à tous nos concitoyens, dans ce scénario optimiste où l’épidémie est contrôlée, de conserver quand même un certain nombre de mesures », a-t-il poursuivi. « Il faut conserver les mesures de distanciation et, à mon avis, on va les garder assez longtemps ».

Avec cette incertitude, l’Assemblée nationale examine vendredi un projet de loi qui permettrait à la fois le report du second tour des municipales en cas de regain de l’épidémie de coronavirus et un vote par procuration facilité, s’il a bien lieu le 28 juin. Il faut se « préparer à tous les scénarios », a lancé le ministre de l’intérieur Christophe Castaner en ouvrant le débat.

« Surinterprétation du protocole »

Du côté des écoles, où la reprise n’est pas assez large au goût de certains parents, le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a dit jeudi espérer que le protocole sanitaire puisse être assoupli « bientôt ». Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, « certaines mairies ont surinterprété le protocole sanitaire », freinant le retour à l’école des élèves dans la phase II du déconfinement. « Ce que nous souhaitons c’est que les mairies qui n’ont pas encore ouvert leurs écoles puissent le faire le plus rapidement possible », a-t-elle déclaré vendredi.