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Vue artistique diffusée par l'Université Grenoble-Alpes le 19 août 2019 de la planète géante Beta Pictoris B, découverte en 2009, et d'une deuxième planète Beta Pictoris C repérée autour de l'étoile Beta Pictoris (non visible) © UNIVERSITY OF GRENOBLE-ALPES/AFP HO

Une nouvelle planète géante a été débusquée autour de la jeune étoile Beta Pictoris, qui brille à 63,4 années-lumière de la Terre, selon une étude publiée lundi dans la revue Nature Astronomy.

« Il s’agit d’une planète géante d’à peu près 3 000 fois la masse de la Terre, située 2,7 fois plus loin de son étoile que la Terre du Soleil », explique Anne-Marie Lagrange, chercheuse du CNRS à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble, auteur principale de l’étude.

Visible à l’œil nu et depuis longtemps connue pour sa rotation rapide, l’étoile Beta Pictoris est devenue célèbre dans les années 1980 quand elle a permis à des astronomes d’obtenir la première image d’un disque de poussière et de gaz entourant une étoile, vestige du nuage primitif qui lui a donné naissance. De plus, le système planétaire dont elle fait partie, vieux d’environ 20 millions d’années (bien peu comparé aux 4,6 milliards d’années du système solaire) pourrait ressembler à ce que devait être notre monde juste après sa formation. « Ce système planétaire est sans doute le meilleur pour comprendre leur formation et évolution précoce », explique l’astrophysicienne qui l’étudie depuis 35 ans. 

Après la planète géante Beta Pictoris B, découverte par une équipe d’Anne-Marie Lagrange en 2009, une deuxième a été repérée autour de l’étoile. Cette « petite sœur, presque jumelle », prend logiquement le nom de Beta Pictoris C.

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Vue artistique d'une planète en orbite autour de la jeune étoile Beta Pictoris, le 30 avril 2014 © EUROPEAN SOUTHERN OBSERVATORY/AFP/Archives L. Calcada / N. Risinger

Selon les scientifiques, les deux planètes sont encore en cours de formation. « Les planètes géantes jouent un rôle crucial dans les systèmes planétaires », précise l’astrophysicienne. « Nous pouvons également étudier les interactions entre les planètes et le disque de poussières ».

Beta Pictoris C a été détectée de manière indirecte grâce au spectrographe HARPS, un chasseur de planètes de l’Observatoire européen austral (ESO) installé au Chili. Les chercheurs ont utilisé la méthode dite « des vitesses radiales », qui consiste à détecter dans le spectre d’une étoile les perturbations causées par la présence autour d’elle d’un corps céleste. Ils ont également déterminé que Beta Pictoris C, logée entre son étoile et sa grande sœur, orbite relativement près de Beta Pictoris dont elle fait le tour en à peu près 1 200 jours. Mais selon l’étude « plus de données seront nécessaires pour obtenir des estimations plus précises ». 

Beta Pictoris B est seize fois plus grande et 3 000 fois plus massive que notre planète. Selon des travaux parus en 2014, elle orbite autour de son étoile hôte à une distance équivalant à huit fois la distance Terre - Soleil et tourne sur elle-même à au moins 100 000 km/heure, soit près de 60 fois plus vite que la Terre. La durée du jour n’y excède pas les 8 heures. D’autres planètes pourraient être découvertes autour de Beta Pictoris, mais « peu être bien moins massives… », conclut Anne-Marie Lagrange.