Comment éviter d’emballer boissons et aliments dans du plastique ? À Londres, la startup Notpla, cofondée par un Français, a trouvé une solution : des emballages comestibles ou naturellement biodégradables, fabriqués à partir d’algues. Tout a commencé dans une petite cuisine londonienne. Le Français Pierre Paslier et l’Espagnol Rodrigo Garcia Gonzalez, tous deux étudiants au Royal College of Art pour se former à la conception de produits innovants, cherchaient à créer des emballages non nocifs pour l’environnement. « Ingénieur packaging chez L’Oréal, je développais des solutions packaging en plastique, des bouteilles de shampoing, des pots de crème, et rapidement je me suis rendu compte que je voulais travailler plutôt sur des solutions, que créer plus de plastiques qui finissent dans l’environnement », raconte Pierre Paslier.

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Le Français Pierre Paslier a cofondé Notpla à Londres © AFP Justin Tallis

Après avoir testé différentes plantes, « on a trouvé des extraits d’algues, et on s’est rendu compte qu’on pouvait créer des solutions qui étaient très proches de ce qu’on pouvait trouver dans la nature, et même éventuellement mangeables », se souvient-il. La vidéo où ils présentent leur concept d’emballage en forme de bulle comestible, baptisée Ooho, devient virale sur internet, suscitant l’intérêt d’investisseurs. En 2014, les deux étudiants fondent Notpla, désormais en pleine expansion avec plus de 60 salariés et sur le point de fabriquer ses produits à l’échelle industrielle. Cette idée vaut également à la startup d’être sélectionnée cette année parmi les quinze finalistes du prix Earthshot, créé par le prince William pour récompenser des innovations bonnes pour l’environnement ou la lutte contre le changement climatique.

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Cet emballage, à base d’algues, peut encapsuler toute sorte de liquides © AFP Justin Tallis

Leur emballage bulle, de la taille d’une grosse tomate cerise et créé selon un processus tenu secret, peut encapsuler toute sorte de liquides : de l’eau, des cocktails utilisables durant des festivals ou des boissons énergétiques distribuées par exemple en 2019 aux coureurs du marathon de Londres. Dans la bouche, sa texture s’apparente à un bonbon gélatineux. La startup a également mis au point de nouveaux produits, toujours à base d’algues. Elle a notamment développé un revêtement biodégradable naturellement pour les boîtes de repas à emporter, qui sert à protéger l’emballage de la graisse ou des aliments liquides. Une de ses dernières innovations est un emballage transparent pour les produits secs, comme les pâtes.

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Les algues ont permis de concevoir des emballages comestibles ou naturellement biodégradables © AFP Justin Tallis

Les algues « ont des atouts incroyables », explique Pierre Paslier. Elles « poussent très vite, certaines des algues qu’on utilise dans nos labos poussent de près d’un mètre par jour. (…) En plus de ça, il n’y a besoin d’aucune activité humaine pour les faire pousser, pas besoin de rajouter de l’eau potable ou des engrais », précise-t-il. Et « les algues sont là depuis des milliards d’années, donc où que notre packaging finisse, la nature sait très bien comment déconstruire et réutiliser ces matériaux sans créer de pollution », vante l’ingénieur.

Pour l’instant, les produits de Notpla restent plus chers que ceux en plastique, mais en commençant à produire à grande échelle leur boîte pour les repas à emporter, le surcoût a été ramené à 5 à 10 %. L’entreprise se veut une alternative parmi d’autres pour réduire la consommation de plastique, au moment où de nombreux pays durcissent leur réglementation. Selon un récent rapport de l’OCDE, au rythme actuel, la quantité de déchets plastiques triplerait d’ici 2060, à un milliard de tonnes par an. Cette année, outre Notpla, quatorze autres entreprises sont finalistes du prix Earthshot. Cinq d’entre elles seront distinguées, remportant 1 million de livres chacune. Les prix seront décernés le 4 décembre à Boston aux États-Unis.