Des oiseaux responsables de la propagation des truffes
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
En gastronomie, les truffes – de lointains cousins des champignons – sont appréciées pour leur goût raffiné. Et apparemment, certains oiseaux en Patagonie s’en régalent également.
Selon une nouvelle étude publiée jeudi 28 octobre 2021 dans la revue Current Biology, ils peuvent surtout participer à la dispersion – importante pour l’écosystème – de ces tubercules et ce, grâce à leurs déjections. Matthew Smith, auteur de l’étude et professeur à l’université de Floride, ainsi que ses collègues au Chili et en Argentine, ont été surpris par cette trouvaille alors qu’ils étudiaient le règne des fungi dans la région.
Les truffes se trouvent en général sous les feuilles, sur le sol. « Nous avons constaté que certaines étaient découvertes, et que parfois elles étaient grattées », a expliqué le chercheur. De plus, des oiseaux de zones reculées ont commencé à suivre les scientifiques alors que ceux-ci étaient en quête de truffes.
Les scientifiques ont également remarqué que les truffes de la région étaient similaires en taille et forme à des fruits – une source commune de nourriture pour les oiseaux, avec les graines et invertébrés – ce qui suggère que les tubercules ont pu évoluer pour faire en sorte d’attirer les oiseaux. L’un des auteurs de l’étude a par ailleurs vu un oiseau manger une truffe sous ses yeux.
Pour confirmer leur hypothèse, les chercheurs ont récolté les déjections de deux espèces d’oiseaux, le Tourco rougegorge et le Tourco huet-huet, et en ont analysé l’ADN. De l’ADN de truffe a été trouvé dans 42 % des excréments pour la première espèce, et dans 38 % des cas pour la seconde.
Ils ont également inspecté les excréments par microscopie fluorescente, pour confirmer que les spores présentes dans les déjections étaient bien viables, et que les oiseaux étaient donc bien responsables de leur propagation. Il est connu que les truffes dépendent de mammifères, comme les cochons, pour diffuser leurs spores, contrairement aux champignons, qui peuvent les projeter.
Selon Matthew Smith, cette découverte a d’importantes implications. La majorité des truffes sont en relation avec les arbres, en les aidant à amasser des nutriments en échange de sucres. « Ces arbres sont à la base de l’écosystème, et ces fungi ont une relation symbiotique avec les arbres. Donc on a maintenant une connexion à trois facteurs entre les oiseaux, les fungi, et les arbres », explique-t-il. Or en Patagonie, les écosystèmes sont sous pression. Les mouvements des oiseaux sont davantage restreints lorsqu’ils sont dérangés par les humains, ce qui pourrait en retour avoir des conséquences sur les truffes.
Pour Matthew Smith, des oiseaux jouent probablement aussi un rôle dans leur dispersion dans d’autres régions, comme par exemple en Amérique du Nord.