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Des sacs de cocaïne saisis par les douanes françaises dans un conteneur au port de Dunkerque, le 8 août 2020 © Douanes françaises/AFP/Archives

Pic historique de la cocaïne, cannabis made in Europe, dépendance des personnes âgées aux opioïdes et nouveaux modes de distribution liés à la pandémie : le rapport annuel de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), publié mardi, montre que l’ensemble des drogues gagne du terrain.

Les drogues du confinement

L’épidémie de Covid-19 n’a pas durablement désorganisé le trafic. Si le transport aérien a chuté, « le trafic par voie maritime s’est poursuivi aux niveaux d’avant la pandémie », tandis que le confinement a accéléré des tendances déjà à l’œuvre chez consommateurs et revendeurs : recours aux réseaux sociaux, à la « livraison à domicile » et au darknet.  

Côté consommateurs, les habitudes ont aussi été modifiées par le confinement. La consommation de drogues récréatives, comme la MDMA et la cocaïne, et d’autres stimulants, ont nettement baissé. « Nous avons observé une hausse significative de l’usage du cannabis et des benzodiazépines (anxiolytiques) combinés à l’alcool », selon Alexis Goosdeel, le président de l’Observatoire fondé il y a 25 ans, au pic de la « crise de l’héroïne » en Europe. 

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Hausse des saisies de cocaïne et sa consommation en Europe, selon le rapport annuel de l’OEDT © AFP Bertille Lagorce

D’après les indicateurs, « il n’y a jamais eu autant de cocaïne en Europe ». En 2018, dernière année de comparaison, les saisies de cocaïne ont atteint un pic historique avec près de 181 tonnes interceptées, soit 40 tonnes de plus que l’année précédente. En parallèle, le niveau de pureté de cette drogue augmente depuis dix ans, alors que son prix de revente au détail « reste stable ». 

Consommée par 4,3 millions d’Européens en 2018, cette poudre blanche produite à partir des feuilles de coca, principalement en Colombie, en Bolivie et au Pérou, est la deuxième drogue la plus populaire en Europe, derrière le cannabis. Le crack, son dérivé fumable, touche surtout les « grands exclus », mais n’est plus l’apanage exclusif de villes comme Paris ou Londres.

Personnes âgées et ordonnances

« Les drogues ont changé, elles sont moins visibles, et de plus en plus disséminées au sein de nos sociétés », commente M. Goosdeel. 

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Le groupe des 50 ans et plus a connu une augmentation de 75 % des overdoses liées à l’usage d’opioïdes ces six derniers années © AFP/Archives Fred Tanneau

Le groupe des 50 ans et plus a connu une augmentation de 75 % des overdoses liées à l’usage d’opioïdes ces six derniers années. Les personnes âgées, qui se retrouvent avec des prescriptions d’antidouleurs à base d’opioïdes pour soulager des problèmes de santé graves ou courants, peuvent rapidement et sans que ce ne soit immédiatement détecté par leur entourage développer une forte accoutumance à ces médicaments. 

Cannabis made in Europe

Plus de trois millions de plants de cannabis ont été saisis sur le continent en 2018. Et ce cannabis est de plus en plus « dosé ». Les taux de concentration en THC de la résine et de l’herbe de cannabis sont aujourd’hui en moyenne environ deux fois plus élevés qu’il y a dix ans. « Dans un contexte où de nouvelles formes de cannabis apparaissent par exemple sous formes concentrées ou comestibles, ce constat appelle à une étroite vigilance dans l’observation des marchés », alerte l’Observatoire. 

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Plus de trois millions de plants de cannabis ont été saisis sur le continent en 2018 © AFP/Archives Rashide Frias

Les drogues de synthèse, dont la formulation est versatile, sont quant à elles en constante augmentation depuis trois ans. En 2019, 53 nouvelles formules ont été recensées. 

Les opioïdes, qui ravagent déjà les États-Unis depuis plusieurs années, commencent également à faire l’objet de nouvelles formules de synthèse et constituent un « inquiétant signal de la capacité d’adaptation continue du marché » et une « menace de santé publique », remarque l’Observatoire européen.