Il est partout mais on a bien du mal à le voir. Il est aussi irrésistible que dangereux. C'est... le sucre ! Côté pile, on l’adore... C’est bon, ça donne de l’énergie et même, ça remonte le moral quand on a un petit coup de mou. Mais côté face, il y a un gros problème : l’excès de sucre serait très mauvais pour la santé. Pire : il serait plus addictif que la cocaïne ! Et avec une telle réputation, de plus en plus de personnes sont tentées de le supprimer totalement de leur alimentation.
"On réduit le sucre pendant 30 jours ! Qui veut faire ce défi ?"
Mais est-ce que c’est si simple que ça ? Vous allez le voir, le sucre peut se cacher là où on ne l’attend pas... Et même, doit-on supprimer tous les sucres de son alimentation ? Un premier constat s’impose : nous mangeons trop de sucre. Beaucoup trop. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire conseille de se limiter à 100 grammes de sucre par jour pour toute notre alimentation. Cela correspond à une orange, une banane, 50 grammes de céréales et une boisson sucrée. Et... c’est tout. Ça va donc très vite pour les atteindre. Résultat : un quart des adultes et des adolescents dépasse la dose recommandée. Pour les plus jeunes c’est pire : 60 % des 8-12 ans dépasse cette dose et pour les 4 à 7 ans, c’est même 75 %. Comment on en est arrivé là ? Où se trouve tout ce sucre ? La réponse se cache en partie dans la composition de nos aliments. Le jus de fruits par exemple, c’est une véritable bombe à sucres : ici, dans ce litre de jus d'orange, il y en a environ 81 grammes, soit 16 morceaux de sucre. C'est presque autant que le "vous savez-quoi" et ses 21 morceaux de sucre. Maintenant, jetons un œil sur les aliments salés. Est-ce qu'il y en a ? Oui ! Et pas qu'un peu ! Dans cette pizza, il y a 22 grammes de sucre C'est l'équivalent de 4,5 morceaux de sucre. Dans ces petits pois ? C'est 5 sucres. Il y en a même dans la mayonnaise et dans le saucisson ! Le constat est sans appel. Mathilde Touvier, spécialiste en épidémiologie nutritionnelle, le confirme.
- Il existe tout un tas de sucres industriels qui peuvent être ajoutés, et là on peut en trouver partout. Il y a des aliments transformés par l'industrie agroalimentaire dans lesquels on va aussi trouver du sucre.
Mais pourquoi ? Il n'est pas cher, il donne du goût aux aliments et il améliore leur conservation. Du coup, les industriels l’adorent et l’utilisent massivement. D’autant plus qu’ils sont libres d’y mettre la quantité qu’ils veulent. Selon une enquête récente de l’ONG Foodwatch : sur plus de 400 produits transformés analysés, 85 % contiennent du sucre ajouté. Et moins ils sont chers, plus ils sont sucrés. Problème : la science a trouvé un lien entre l’excès de sucre et de nombreuses pathologies. On peut citer : les caries dentaires, le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, les maladies du foie ou encore le surpoids et l’obésité. Et pour l’obésité, une étude mondiale réalisée sur 40 ans a montré qu’elle est elle-même un facteur de risque de plus de 30 cancers. Un autre gros problème : lire les étiquettes peut très vite devenir un sacré casse-tête. Voici par exemple une liste non exhaustive des nombreuses appellations des glucides, des sucres et des édulcorants. Acésulfame potassium... Isomaltose..... Trehalose... Mais pas de panique, en fin de vidéo, on vous donne quelques conseils simples pour les reconnaître et mieux manger au quotidien. Alors, faut-il totalement se passer de sucres et comment faire ? Une solution simple en apparence, c’est de troquer les sucres contre les édulcorants. Mais est-ce que c’est une si bonne idée ?
- C'est ce qu'on pensait au départ puisqu'il apporte le goût sucré comme le sucre, mais sans aucune calorie et donc sans les effets négatifs du sucre. On s'aperçoit maintenant, sur la base de différentes études épidémiologiques que la consommation de ces édulcorants peut être associée à différents risques de maladies chroniques. Nous avons observé des liens avec le risque de cancers, de maladies cardiovasculaires ou de diabète de type 2.
Il faut donc plutôt se tourner vers son assiette, côté régimes alimentaires. La star, c’est le régime cétogène. Si je vous dis "Keto", normalement, ça doit un peu plus vous parler. Et s’il est si populaire, c’est parce qu’il permet de perdre du poids rapidement. Le principe est simple en apparence : il faut supprimer au maximum les glucides de son alimentation, c’est-à-dire les féculents, les légumineuses, les fruits et bien sûr les sucreries. En parallèle : il faut augmenter fortement ses apports en graisses : beurre, crème, huiles, mayonnaise (sans sucre ajouté bien sûr), etc, etc.... Et comment ça marche sur le corps ? En fait, le régime cétogène imite les mécanismes du jeûne. Quand on jeûne, le corps est privé de carburant, normal vu qu’on ne mange pas. Pour compenser, il va d’abord aller puiser dans les réserves de glucides du foie et des muscles. Et quand il n’y en a plus, il va aller se servir dans les réserves de graisses. Et là, le foie va transformer ce gras en corps cétoniques, qui vont alimenter l’organisme et surtout le cerveau. C’est ce qu’on appelle la cétose. Le régime cétogène, riche en gras et pauvre en glucide, a le même effet. On apporte du gras par les aliments, que le corps va utiliser pour produire cette énergie alternative, puisqu’il n’a pas de glucides sous la main. Oui, ce régime alimentaire est très éloigné de nos habitudes. Mais, par exemple, il ressemble beaucoup au régime traditionnel des inuits, riche en graisses et en protéines apportées par les phoques et les baleines. D’ailleurs leur corps se serait adapté il y a 2 000 ans grâce à des mutations spéciales dans certains gènes du métabolisme. Sous nos latitudes, les bénéfices du régime cétogène sont multiples selon ses adeptes : il aiderait à perdre du poids, soigner le diabète ou même le cancer. Mais qu’en dit la science ? Pour l’obésité et le diabète, le régime cétogène a démontré une certaine efficacité sur l’appétit et donc perte de poids ainsi qu’une amélioration du contrôle de la glycémie. Et pour le cancer ? Les vertus supposées de la privation de sucre sur cette maladie ne datent pas d’hier. Selon les travaux du médecin chercheur Otto Warburg dans les années 30, les cellules cancéreuses tireraient leur énergie de la fermentation du glucose. Et dans les années 2010, le biologiste américain Valter Longo a soumis une diète mimant les effets du jeûne à des souris atteintes du cancer. Il a observé deux effets : les cellules tumorales ont été affaiblies tandis que la résistance des cellules saines a augmenté, ce qui a rendu la chimiothérapie plus efficace et mieux tolérée. D’où cette idée de priver les cellules tumorales de sucre, qui serait leur carburant principal, par le jeûne ou un régime cétogène. Mais est-ce que ça marche chez l’humain ?
- Il y a eu plusieurs essais cliniques qui n'ont pas réussi à reproduire ces résultats et au contraire, les oncologues sont assez paniqués parfois de voir les patients en automédication suivre ce type de régime et se mettre dans des situations de dénutrition où finalement, ils ont une perte de chance par rapport à la lutte contre la maladie. Puisque là, pour le coup, on sait que quand on se met en situation de dénutrition, on est moins bien armé pour faire face aux traitements et aussi à la maladie. Donc c'est vraiment quelque chose qui n'est pas prouvé scientifiquement et à surtout ne pas tenter sans un accompagnement de votre médecin.
Il existe un cas où le régime cétogène a prouvé son efficacité, c’est pour traiter l’épilepsie résistante aux traitements médicamenteux. C’est pourquoi ce régime est proposé depuis déjà plusieurs années comme une véritable option thérapeutique. Mais voilà... quand on ne souffre pas de pathologies, il n’y a pas vraiment de raisons de suivre un régime cétogène ou de diaboliser les glucides.
- Il ne faut pas tomber dans une psychose. Comme tout en nutrition, l'idée c'est de se faire plaisir. Si on n'a pas cette alimentation plaisir, on n'arrivera pas au quotidien. On va tenir deux jours ou trois jours et puis après on va compenser en mangeant n'importe quoi.
Si on peut tout à fait vivre sans sucres ajoutés, logique, il ne faut pas pour autant bannir tous les sucres. Par exemple, il y a du sucre naturel dans les fruits, les légumes et les produits laitiers, qui sont bien évidemment des aliments sains et recommandés. Et en plus, on rappelle que le glucose est la première source d’énergie du corps humain. Mais qu’est-ce qu’on peut faire pour éviter l’excès de mauvais sucre pour notre santé, sans que ça soit un enfer pour décoder les étiquettes et tenir sur le long terme ?
- On peut se fier au Nutriscore, qui va pénaliser les aliments, les boissons sucrées, et quel que soit justement le type de sucre. Lorsqu'il n'est pas présent, on peut scanner le code barre des aliments grâce à l'application Open Food Facts. Il y a également le site Mangez Bougez.fr qui va proposer non seulement un récapitulatif des recommandations, mais aussi plein d'idées de menus. Justement, on retrouve la dimension de plaisir avec la liste de courses qui va avec. Et ça nous aide au quotidien à suivre les recommandations en se faisant plaisir.
Enfin, il est important de prendre de bonnes habitudes dès le plus jeune âge. Chez les enfants, les seuils de préférence gustatifs se déterminent entre 3 et 11 ans. Une alimentation trop sucrée à ces âges peut donc conditionner un seuil d’appétence au sucre trop élevé. En gros : le sucre appelle le sucre.
- D'où l'importance de : quand on choisit une compote pour ses enfants, par exemple, on prendra la “sans sucres ajoutés”. Vous verrez que le jour où vous proposez une compote sucrée à vos enfants, ils vont trouver ça trop sucré. Donc tout est une question d'habitude.
Pour résumer : si l’excès de sucre est délétère pour la santé, il n’y a pas de raison de s’en priver totalement en l’absence de pathologie particulière. Il faut plutôt tendre vers une alimentation la plus saine et équilibrée possible. Et surtout, ne pas oublier de se faire plaisir de temps en temps. Merci d’avoir regardé cette vidéo. Si vous l’avez aimée, n’oubliez pas de la liker et laissez un commentaire... Bon il y a quelque chose dont on vous a parlé en introduction, et qu'on a pas développé, c’est cette idée de sucre plus addictif que la cocaïne. On a posé la question à Mathilde Touvier et voici sa réponse :
- Il n'y a pas de consensus scientifique sur le fait de dire que le sucre est une substance addictive, comme ça a pu être reconnu pour le tabac ou l'alcool par exemple, ou la drogue, évidemment. D’ici à dire qu'on est addict au sens clinique du terme, ça reste encore en débat.
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