Une lettre couplée à une couleur. Tout le monde ou presque est aujourd'hui familier du Nutri-Score en France, qui s'affiche sur les emballages de plus de 500 marques. Un système de notation simple qui permet d'un coup d'œil d'avoir une idée de la qualité nutritionnelle du produit. Seulement voilà, le Nutri-Score doit évoluer. Il a été développé en 2005 en Grande-Bretagne avant d'être lancé en France en 2017, puis adopté par six autres pays : la Belgique, l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse. - Par définition, toute politique publique doit être révisée de façon régulière pour rester en ligne avec les nouveautés au niveau scientifique. Il était maintenant temps de revoir l'algorithme à nouveau sur la base des nouvelles connaissances des relations entre la nutrition et la santé d'une part, et d'autre part, pour tenir compte justement de cet élargissement au-delà de la France, puisque maintenant six pays l'ont adopté. Un comité scientifique composé d'experts indépendants s'est donc constitué en 2021 pour mettre à jour le Nutri-Score. Le fonctionnement de base n'a pas été changé, à savoir attribuer un certain nombre de points positifs ou négatifs à chacun des composants d'un aliment en fonction de ses effets sur la santé. En revanche, les scientifiques ont dû prendre en compte certaines recommandations récentes, comme la prudence face aux édulcorants intenses de type aspartame, mais aussi la diversité des définitions et des habitudes alimentaires rencontrées dans les différents pays. - Par exemple en Espagne, la seule huile végétale qui est vraiment considérée comme à privilégier, c'est l'huile d'olive. En France, c'est l'huile d'olive, l'huile de colza, les huiles de noix. Aux Pays-Bas, ce sont les huiles de noix, de colza, l'huile de tournesol et l'huile d'olive. Donc, derrière, il est nécessaire d'avoir un consensus dans une perspective vraiment internationale. Il s'est aussi avéré nécessaire de réajuster la façon d'attribuer les points - certaines céréales arrivant à obtenir un A grâce à un taux important de protéines et de fibres, alors qu'elles étaient par ailleurs ultra sucrées. Quatre catégories ont été ciblées en particulier, le gras, le sucre, le sel et les fibres. - Pour certains éléments, comme par exemple les fibres ou les protéines, les seuils à partir desquels les points étaient attribués ou pas attribués ont changé. Il y a eu également une modification de la manière dont les points sont calculés. Et enfin le dernier niveau de changement, c'est le passage au score final le score nutritionnel que l'on transforme en lettre. Là également les seuils qui permettent de passer de l'un à l'autre ont évolué entre l'ancienne version et la version révisée. - C'est ça... Ceux-là, qui étaient en “D”, basculent tous en “E”. Toutes les confiseries. Oui toutes les confiseries, donc ça veut dire qu'on a rectifié... Le tir. Le chocolat n'a pas bougé, mais ça, on ne s'y attendait pas vraiment. On n'a jamais regardé les produits de façon individuelle, c'est-à-dire qu'on travaille systématiquement avec des bases de données de composition nutritionnelle qui, pour certaines, peuvent contenir plusieurs dizaines de milliers de produits. Et on observe la distribution à l'intérieur des différents groupes alimentaires. Les compotes... Si, quand même... Oui. Les plus sucrées vont se retrouver en “B”. Le nouveau Nutri-Score est plus strict. Il est plus strict en particulier avec les produits qui contiennent des quantités importantes de sucre et de sel. Et il est plus strict aussi pour les produits qui ne contiennent pas assez de fibres et pas assez de protéines. Donc là-dessus, oui, il est devenu plus strict, mais c'était vraiment nécessaire. On a un faisceau d'arguments qui montrent qu'effectivement le Nutri-Score a un impact sur les comportements des consommateurs. Il y a 40 % de la population qui déclare s'en servir quotidiennement pour réaliser ses courses. Après, pour mesurer son impact à long terme sur les consommations, sur les apports nutritionnels et sur la santé, ça demandera du temps et du recul pour pouvoir le mesurer correctement. À l'inverse, les effets du Nutri-Score sur les industriels sont sans équivoque. Certains le boycottent tout simplement, comme les marques de fromage ou de charcuterie. D'autres industriels, au contraire, ont décidé de revoir la formulation de leurs produits pour obtenir une bonne note, certains réussissant même à décrocher un A pour des pizzas ou des hamburgers. - Un hamburger A, c'est possible. La question est de savoir comment ils aboutissent à un A. Ça veut dire probablement qu'il y a beaucoup de légumes dedans, ce qui n’est généralement pas classique. C'est probablement qu'il n'y a pas beaucoup de viande, qu’il n'est pas très salé, et que le pain est un pain complet. Après, ça ne veut pas dire que ce produit-là, il est bon dans l'absolu. C'est le mieux classé dans sa catégorie. - On souhaite que les industriels baissent la quantité de sucre, de sel dans leurs produits et qu'ils augmentent la quantité de fibres en utilisant des ingrédients complets. Derrière, ça va améliorer finalement l'offre alimentaire d'aujourd'hui et c'est effectivement un point important qu'on souhaite obtenir. La version révisée du Nutri-Score devrait être mise en œuvre fin 2023. Les entreprises concernées auront ensuite deux ans pour adapter leur étiquetage.