Que mangeaient donc nos ancêtres ? On les imagine souvent comme de féroces chasseurs, avides de bidoche. Une image qui sert même parfois à justifier nos régimes carnés modernes, comme le fameux régime paléo. Mais deux récentes études disent le contraire. Accrochez-vous : les premiers hominidés étaient beaucoup plus végétariens qu’on ne le pensait! Une première étude, menée le long du Jourdain en Israël, révèle que nos ancêtres se nourrissaient très largement d’aliments d’origine végétale, en particulier de féculents, riches en amidon. Ces outils en basalte portent encore les traces de cette alimentation. Sur ces masses et ces enclumes, des grains d’amidon vieux de 780 000 ans. La preuve que les anciens chasseurs-cueilleurs broyaient, transformaient, préparaient toute une variété de plantes : des glands, des céréales, des légumineuses, et même des plantes aquatiques, comme le nénuphar et la châtaigne d’eau, aujourd’hui disparue. Ces conclusions sont soutenues par une tout autre étude, publiée, elle, dans Science. Celle-ci remonte encore plus loin ! Il y a plus de 3 millions d’années. Les chercheurs ont analysé des fossiles d’australopithèques provenant des grottes de Sterkfontein, une partie du "Berceau de l'Humanité" en Afrique du Sud. Ils ont analysé le meilleur témoin de l’alimentation : les dents. Et l’émail dentaire de sept australopithèques confirme le diagnostic : ces derniers consommaient en grande partie des aliments d’origine végétale et que peu, voire pas de viande. En effet, les ratios isotopiques d’azote montrent des niveaux similaires à ceux des herbivores, bien inférieurs à ceux des carnivores contemporains. En clair, ces hominidés consommaient principalement des végétaux, sans toutefois exclure un petit supplément occasionnel de protéines animales, comme des œufs ou des termites. Mais la chasse au gros gibier ? Les australopithèques ne la pratiquaient pas fréquemment, contrairement aux néandertaliens qui viendront quelques millions d'années plus tard. Si l’on pensait jusqu’ici que la viande prédominait dans les régimes alimentaires primitifs, c’est parce que les ossements d’animaux survivent mieux au temps que la matière végétale. Ainsi, la consommation de viande a été associée à l’évolution de l’Homme notamment à l'augmentation du volume cérébral et au développement d’outils. Mais ces deux études nuancent ces théories. Et les chercheurs ne comptent pas s’arrêter là ! Ils prévoient d’analyser d’autres fossiles d’hominidés à travers l’Afrique et l’Asie pour mieux comprendre quand la viande a réellement pris place dans nos assiettes.