Les adolescents français échappaient jusqu'ici à la contrainte du passe sanitaire utilisé par leurs aînés face à la crise du Covid-19. Ils doivent depuis ce jeudi 30 septembre 2021 le présenter à leur tour pour de nombreuses activités : cinéma, restaurant, piscine...

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Une adolescente se fait administrer le vaccin Pfizer BioNTech contre le Covid-19 dans un collège à Privas, dans le sud-est de la France le 6 septembre 2021 © AFP Philippe Desmazes

Les adultes, eux, présentent régulièrement depuis presque deux mois ce sésame sous la forme d'un QR code, qui atteste soit qu'ils ont été vaccinés contre le Covid-19, soit qu'ils ont récemment réalisé un test négatif, soit qu'ils ont déjà contracté la maladie et sont donc censés être immunisés. Il est exigé dans de nombreux contextes qui seront les mêmes pour les mineurs âgés de 12 à 17 ans : restaurant, train pour un long trajet, cinéma ou piscine...

Cette entrée en vigueur ne change pas grand-chose pour Victor, 15 ans et demi : « Je suis vacciné double dose, j’ai mon passe », explique cet élève de seconde à Strasbourg. « Honnêtement, autant faire le vaccin, comme ça, on est protégé », juge-t-il.

A Toulouse, devant le lycée professionnel Hélène-Boucher, Gaëlle, 16 ans, en Terminale « esthétique », dit s'être fait vacciner dans l'été comme ses parents : « Ça ne me pose pas vraiment de problème mais je ne trouve pas ça normal car on n'a pas le choix », lance la jeune fille.

Quentin, 18 ans, et Eva, 17 ans, sont, eux, résolument opposés à la vaccination. Le jeune homme n'en voit pas « l'utilité ». Eva, elle, avance que plusieurs de ses amies ont eu des retards de règles après avoir été vaccinées : « maintenant ça me fait peur ». 

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Point de contrôle du passe sanitaire à l'entrée du cinéma Gaumont Multiplex à Montpellier en France, le 29 juillet 2021 © AFP Pascal Guyot

Impossible de savoir pour l'heure combien de temps durera cette obligation. Même si l'épidémie se calme en France, un projet de loi est en préparation pour prolonger au-delà du 15 novembre l'usage du passe. Le gouvernement veut « maintenir la possibilité » d'y recourir « jusqu'à l'été » 2022.

12 ans et deux mois

Les adolescents y avaient jusqu'alors échappé, leur vaccination n'ayant été autorisée que depuis juin : d'abord avec le Pfizer/BioNTech, puis avec le Moderna.

Il reste d'ailleurs, à ce titre, une subtilité. C'est seulement à partir de 12 ans et deux mois que le passe devra être présenté. Si on le demandait à un enfant de 12 ans pile, il n'aurait pas eu le temps d'être pleinement vacciné car il n'y aurait jusqu'alors pas eu droit. Désormais, sans atteindre le taux de vaccination de leurs aînés, les 12-17 ans ont largement remonté la pente. Environ deux tiers d'entre eux sont pleinement vaccinés.

Le gouvernement a cherché à accélérer le mouvement en organisant des campagnes de vaccination dans les collèges et les lycées à la rentrée. Mais celles-ci n'ont guère donné de résultats : moins de 30 000 doses y ont été injectées. « Il y a parfois quelques (...) difficultés dans le recueil de l'adhésion des familles », a admis mardi le ministère de la Santé. De 12 à 15 ans, l'accord d'un seul des deux parents, ou des responsables légaux suffit. Les mineurs de plus de 16 ans peuvent, eux, décider de se faire vacciner, sans autorisation parentale.

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Une adolescente se fait vacciner dans un collège du Privas dans le sud-est de la France le 6 septembre 2021 © AFP Philippe Desmazes

Mais le sujet de la vaccination des mineurs est sensible et c'est l'un des principaux griefs exprimés lors des manifestations hebdomadaires contre le passe sanitaire, dont la fréquentation est en baisse depuis la fin de l'été. Dénonçant une « politique coercitive », les syndicats Sud et Solidaires, ainsi que la CGT, ont appelé vendredi à une grève des agents des établissements culturels ou de loisirs (bibliothèques, musées, théâtres...).

Le gouvernement a accepté quelques concessions pour les mineurs. Contrairement aux adultes non-vaccinés, ils pourront tous continuer à bénéficier systématiquement de tests PCR gratuits après le 15 octobre.

La vaccination des mineurs reste en tout cas l'objet de débats scientifiques, au vu du risque très faible de développer une forme grave du Covid-19 dans cette tranche d'âge. L'intérêt majeur est donc collectif.

En se vaccinant, les jeunes « contribuent à freiner la propagation du virus dans la communauté et à limiter l'engorgement des hôpitaux », explique l'épidémiologiste Antoine Flahault, évoquant toutefois aussi leur risque individuel, s'ils contractent la maladie, de développer des séquelles, dites Covid longs.

Par ailleurs, l'obligation du port du masque à l'école primaire sera levée dès lundi dans 47 départements moins touchés par l'épidémie de Covid-19.