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Micro-injection par pipette d’un spermatozoïde dans un ovocyte, au Centre d’étude et de conservation du sperme humain (CECOS) de Rennes, le 30 novembre 2000 © AFP/Archives Marcel Mochet

La concentration en spermatozoïdes, l’un des facteurs de la fertilité masculine, a nettement baissé au cours des dernières décennies, avance une vaste étude publiée mardi. « La concentration en spermatozoïdes a sensiblement diminué entre 1973 et 2018 », résument les auteurs de ce travail, paru dans la revue Human Reproduction Update et réalisé en compilant une quarantaine d’études préalables. Cette publication est d’une ampleur sans précédent sur le sujet, même si elle vient confirmer les conclusions d’une précédente étude de la même équipe, emmenée par l’épidémiologiste israélien Hagai Levine. Celle-ci, publiée en 2017, avait fait l’objet de plusieurs critiques, notamment parce que ses conclusions ne concernaient que certains pays appartenant tous au monde occidental.

Cette fois, après avoir intégré davantage de données, les auteurs sont en mesure de conclure que la tendance à la baisse concerne aussi l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique. « De plus, les données laissent penser que ce déclin mondial se poursuit à un rythme accéléré depuis le début du 21e siècle », écrivent-ils. La quantité de spermatozoïdes est l’un des facteurs qui jouent sur la fertilité masculine, mais il n’est pas le seul. Leur mobilité joue aussi un rôle crucial, qui n’est pas mesuré par cette étude.

Celle-ci ne permet donc pas de conclure à un déclin général de la fertilité masculine, même si elle apporte des éléments dans ce sens et s’inscrit aux côtés d’autres travaux qui ont plutôt étudié les causes de cette tendance. On soupçonne ainsi « des raisons telles que l’obésité, un manque d’activité physique, la pollution et l’exposition à des produits chimiques dans l’environnement », a rappelé l’endocrinologue Channa Jayasena. Cet expert de l’Imperial College, qui n’a pas participé à l’étude et s’exprimait auprès du Science Media Center britannique, a salué en l’occurrence un travail « important ».

D’autres chercheurs, déjà sceptiques quant à l’étude de 2017, ont nuancé les conclusions de cette nouvelle publication, estimant qu’elle ne résolvait pas toutes les insuffisances reprochées à la précédente. « Je continue à douter de la qualité des études, en particulier les plus anciennes (…), sur lesquelles se base cette nouvelle analyse », a déclaré à l’AFP l’andrologue Allan Pacey, sans remettre en cause la manière dont les auteurs ont mené leur compilation. Selon lui, l’évolution du taux de spermatozoïdes pourrait en réalité refléter des techniques de plus en plus fiables de mesure, et non la réalité elle-même.