Jamais depuis près de 95 ans il n'avait fait aussi chaud en France début février : après un mois de janvier record, le pays a traversé avec une température moyenne entre 10 et 11°C une période de douceur « hallucinante » qui devrait toutefois prendre fin dans quelques jours, indique Cyril Wuest, météorologue et prévisionniste à Météo Consult-La Chaîne Météo.

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Des baigneurs sur la plage de Porticcio, en Corse, le 18 février 2024 © AFP Pascal Pochard-Casabianca

Des températures supérieures à 25°C ont été observées la semaine dernière dans le sud de la France, peut-on parler d'un phénomène inédit pour cette période de l'année ?

Cyril Wuest : C'est effectivement la première fois depuis le début des relevés en 1930 qu'il fait aussi chaud en France sur les 15 premiers jours de février. L'anomalie thermique moyenne sur l'ensemble du pays a été supérieure de 3,6°C aux normales, battant les précédents records de 2002 (+3,5°C) et 2020 (+3,4°C). 

L'indicateur thermique national moyen était autour des 10-11°C, et les maximales moyennes mesurées sur l'ensemble du pays tournaient autour des 13-14°C. Plus localement, des records mensuels ont été battus le 15 février dans le Pays basque, à Mendive (26,7°C) et à Laruns (26,3°C). Ce sont des valeurs qu'on atteint habituellement début juin. C'est tellement élevé qu'on se pose des questions, c'est quand même hallucinant de voir ça si tôt dans l'année ! Et ce qui est incroyable, c'est l'intensité et la durée du phénomène, car depuis le 21 janvier on a connu quatre pics de chaleur. Et même dans l'intervalle on restait toujours 1 à 2 degrés au-dessus des normales. 

A quoi peut-on attribuer une telle période de douceur ?

Cyril Wuest : C'est un phénomène naturel lié à un anticyclone qui a bloqué les perturbations et fait remonter un flux de sud en provenance du Maghreb, où les températures battent elles aussi des records. 

Le thermomètre a ainsi frôlé les 37°C mercredi dans le sud du Maroc. Localement en France, des effets de foehn (brusque assèchement et réchauffement de l'air après le passage d'un relief montagneux) ont aussi fait bondir le thermomètre, notamment au Pays basque.

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Des promeneurs profitent du temps chaud au jardin des Tuileries, le 15 février 2024 à Paris © AFP Dimitar Dilkoff

Alors, l’hiver est-il déjà fini ?

Cyril Wuest : Non, car à partir du milieu de cette semaine, la situation va totalement changer. On va repasser dans un flux d'ouest perturbé à partir de mercredi, ce qui va dans un premier temps ramener de la pluie et du vent, puis à partir de vendredi une baisse des températures. Ce week-end, les températures devraient être de saison voire légèrement en dessous, un rafraîchissement qui devrait durer la semaine prochaine. 

Localement les précipitations devraient être importantes d'ici le 25 février, avec notamment plus 100 mm de pluie sur les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Mais quasiment tout le pays sera concerné : seul le pourtour méditerranéen, en particulier le Roussillon, sera épargné. Toutefois ce flux humide fait que malgré un ressenti froid, on ne devrait pas avoir de gelées généralisées en plaine, épargnant ainsi la végétation précocement éclose.