Les tensions d'approvisionnement des médicaments se sont amplifiées ces dernières années partout en Europe. Pour aider les médecins à prescrire des alternatives aux médicaments non disponibles et intensifier le bon usage des antibiotiques, le gouvernement a annoncé mercredi quelques mesures concrètes afin d’anticiper les pénuries. En 2023, près de 5 000 signalements et risques de ruptures de stocks ont été recensés par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’agence exerce un suivi renforcé de certains médicaments phares de l'hiver : antibiotiques, paracétamol, corticoïdes.

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Le gouvernement annonce quelques mesures concrètes pour anticiper les pénuries de médicaments © AFP/Archives Christophe ARCHAMBAULT

Ces difficultés d’approvisionnement ont conduit à la publication l'an dernier d'une liste de 450 médicaments considérés comme essentiels et d'un plan de relocalisation en France pour certains d'entre eux. Le nouveau plan triennal de lutte contre les pénuries (2024-2027) prévoit « un suivi renforcé de la part des autorités sanitaires » de la disponibilité de ces médicaments prioritaires. Des efforts de relocalisation et de hausse de la capacité de production visent une sous-liste de « 147 médicaments stratégiques », ceux pour lesquels la France dépend le plus des importations extra-européennes, selon cette « feuille de route ».

« La meilleure manière de ne pas manquer de quelque chose, c'est de le produire chez nous, en France et en Europe », a déclaré le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, après une réunion avec les acteurs de la chaîne du médicament. 

Pour remplacer les médicaments non disponibles, les pharmaciens vont pouvoir s'appuyer sur des « tableaux d'équivalence ». Des travaux sont menés pour « que le médecin, sur son logiciel de prescription puisse effectivement savoir que tel ou tel produit n'est pas disponible le jour où il veut le prescrire », a indiqué la ministre en charge de la Santé, Catherine Vautrin. Cela lui permettra « soit de prescrire autre chose, soit de travailler sur la posologie qu'il va prescrire », a-t-elle ajouté.

En matière du bon usage du médicament, l'accent va porter sur l'adaptation du conditionnement à la durée du traitement et sur l'utilisation d'une « ordonnance de non prescription d'antibiotiques ». Un document que peut remplir un médecin pour expliquer à son patient pourquoi il ne lui prescrit pas d'antibiotiques.

Les pénuries de médicaments sont dues à plusieurs motifs, notamment la hausse de la demande mondiale, une capacité de production insuffisante et des prix de vente de certains traitements jugés peu attrayants par les laboratoires. À l'automne, une charte de bonnes pratiques a été signée entre les fabricants et vendeurs des médicaments remboursés en France. Des appels à libérer les stocks ont été lancés en direction des industriels et il a été demandé aux grossistes et pharmaciens de ne pas surstocker de leur côté.