C'est un grand pas pour l'industrie spatiale : une sonde de l'entreprise américaine Intuitive Machines s'est posée sur la Lune jeudi. L'alunisseur Nova-C marque le premier alunissage d'un appareil américain depuis plus de 50 ans, et une première pour une société privée. « Nous pouvons confirmer sans aucun doute que notre équipement est sur la surface de la Lune, et que nous transmettons » un signal, a déclaré Tim Crain, responsable chez Intuitive Machines, durant le direct vidéo de l'entreprise.

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L'alunisseur de l'entreprise américaine Intuitive Machines devant la surface de la Lune, sur une image publiée le 21 février 2024 par l'entreprise © Intuitive Machines/AFP Handout

La société privée confirme sur X que l'alunisseur avait bien atterri « debout » et commencé à « envoyer des données ». L'alunissage a eu lieu à 17H23 heure de Houston, au Texas, où se trouve la salle de contrôle de l'entreprise. Nova-C avait décollé la semaine dernière de Floride. La descente était l'étape la plus redoutée de la mission, nommée IM-1.

Des lasers qui devaient normalement permettre à l'appareil de se guider n'ont pas fonctionné, mais une solution de secours a pu être utilisée. Cette dernière est un instrument de la Nasa qui devait, en théorie, être seulement testé durant la mission.Une dizaine de minutes avant l'atterrissage, une importante poussée du moteur a servi à freiner Nova-C, qui évoluait auparavant à pas moins de 1.800 mètres par seconde. Durant la descente finale, la sonde était complètement autonome. 

Des images sont maintenant attendues, y compris celles d'un petit engin équipé de caméras, développé par l'université d'aéronautique Embry-Riddle. Il devait être éjecté de l'alunisseur au dernier moment pour capturer de l'extérieur l'alunissage.Un appareil américain n'avait pas atterri sur la Lune depuis la fin du mythique programme Apollo, en 1972. 

L'Inde et le Japon ont récemment réussi à alunir grâce à leurs agences spatiales nationales, devenant les quatrième et cinquième pays à le faire, après l'Union soviétique, les Etats-Unis et la Chine. Mais plusieurs entreprises -- israélienne, japonaise et américaine -- avaient jusqu'ici échoué à reproduire la même prouesse.

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La salle de contrôle de l'entreprise Intuitive Machines à Houston, au Texas, au moment de l'alunissage de sa sonde sur la Lune, le 22 février 2024 © NASA/AFP Handout

L'endroit visé par Intuitive Machines se trouve à environ 300 kilomètres du pôle sud de la Lune, un cratère nommé Malapert A. Le pôle sud lunaire intéresse car il s'y trouve de l'eau sous forme de glace, qui pourrait être exploitée. 

La Nasa souhaite y envoyer ses astronautes à partir de 2026 avec ses missions Artémis, et c'est notamment pour les préparer qu'elle cherche à étudier de plus près cette région encore peu explorée. « Quel type de poussière ou de terre s'y trouve ? A quel point fait-il froid ou chaud ? Quelles sont les radiations ? Ce sont des choses que vous voulez savoir avant d'envoyer de premiers explorateurs humains », a expliqué Joel Kearns, responsable à la Nasa. 

Pour cette phase d'exploration, la Nasa utilise son tout nouveau programme, nommé CLPS. Au lieu de développer elle-même des vaisseaux pour la Lune, l'agence spatiale américaine a chargé des sociétés privées d'y emporter son matériel scientifique.

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Sites d'alunissage des sondes et engins habités sur la Lune © AFP Sabrina BLANCHARD

Intuitive Machines est l'une des entreprises sélectionnées, et le montant de son contrat avec la Nasa pour cette première mission s'élève à 118 millions de dollars. L'objectif : réduire les coûts pour l'agence publique, faire le voyage plus fréquemment, mais aussi de développer une économie lunaire. Et ce malgré les risques d'échec.

L’alunisseur Nova-C est alimenté en énergie grâce à ses panneaux solaires. Il devrait désormais fonctionner durant sept jours environ, avant que la nuit ne s'installe sur le pôle sud lunaire.