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Le module japonais Slim exposé au Centre spatial de Tanegashima, le 1er juin 2023, au Japon © Agence/AFP/Archives Handout

L’Agence spatiale japonaise (Jaxa) a annoncé aujourd’hui avoir éteint l’alimentation électrique de son module Slim moins de trois heures après l’alunissage historique de samedi, afin d’économiser les batteries en vue d’un possible redémarrage. Il existe une « possibilité » que le module japonais Slim, qui a rencontré un problème de panneaux solaires, puisse être relancé.

« Selon les données télémétriques, les cellules solaires de Slim sont orientées vers l’ouest. Si la lumière du Soleil frappe la Lune depuis l’ouest à l’avenir, nous pensons qu’il est possible de produire de l’énergie, et nous nous préparons actuellement à la restauration », a commenté l’Agence spatiale. « Nous avons pu terminer la transmission des données techniques et des images acquises pendant la descente et sur la surface lunaire avant que l’alimentation ne soit coupée », a précisé la Jaxa sur X, ajoutant qu’un « grand volume de données » avait été reçu.

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Présentation du module Slim ou « Moon Sniper » de la mission lunaire japonaise lancée en août 2023 © AFP Gal Roma, Paz Pizarro

Après une descente haletante de 20 minutes, la Jaxa avait annoncé que le module Slim (Smart Lander for Investigating Moon) avait aluni à 00h20 samedi (vendredi 15h20 GMT) et que la communication avec lui avait été établie. Mais faute de panneaux solaires en service, l’engin, surnommé « Moon Sniper » pour sa capacité à se poser avec précision, ne disposait d’électricité que pendant « quelques heures », avait averti Hitoshi Kuninaka, l’un des responsables de la Jaxa.

Il est possible que les panneaux fonctionnent à nouveau quand l’angle du Soleil aura changé, avait-elle précisé, tandis que l’équipe s’efforçait de maximiser les résultats scientifiques de la mission en transmettant les données obtenues vers la Terre.

Slim fait partie des nombreuses missions lunaires lancées récemment par des pays et entreprises privées. Mais jusqu’à présent, seuls les États-Unis, l’Union soviétique, la Chine et plus récemment l’Inde, ont réussi à se poser sur la Lune.

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La mini-sonde Sora-Q destinée à explorer le sol lunaire © Jaxa/AFP/Archives Handout

Bill Nelson, le patron de la Nasa, l’Agence américaine, a envoyé « ses félicitations (au Japon) devenu le cinquième pays dans l’histoire à atterrir avec succès sur la Lune ». 

La Jaxa espère analyser les données acquises lors de l’alunissage pour déterminer si l’engin a atteint son objectif : se poser à moins de 100 mètres de distance de sa cible initiale. Slim a aluni dans un petit cratère de moins de 300 mètres de diamètre, appelé Shioli, d’où il doit mener des analyses au sol.

Les deux mini-rovers qu’emportait Slim ont été largués normalement, a signalé la Jaxa, dont une sonde sphérique baptisée Sora-Q, à peine plus grande qu’une balle de tennis, capable de modifier sa forme pour se déplacer sur le sol lunaire. Elle a été développée par la Jaxa, en partenariat avec le géant japonais du jouet Takara Tomy. Même si la précision de l’alunissage doit être confirmée, « je pense que la mission est un grand succès », a déclaré Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics. 

Plusieurs problèmes pourraient potentiellement être à l’origine du souci de panneaux solaires, a-t-il expliqué à l’AFP : « Un câble détaché, un câble connecté dans le mauvais sens ; l’alunisseur peut aussi se trouver à l’envers et ne pas voir le Soleil pour une raison quelconque ». 

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La fusée lunaire Artemis 1 décolle du Centre spatial Kennedy de la Nasa à Cap Canaveral, en Floride, le 16 novembre 2022 © AFP/Archives Jim Watson

Plus de 50 ans après les premiers pas de l’Homme sur la Lune — les Américains en 1969 —, notre satellite naturel est redevenu l’objet d’une course mondiale. Outre les États-Unis et la Chine, la Russie rêve de renouer avec la gloire spatiale de l’Union soviétique en s’associant avec la Chine ou l’Inde, qui a réussi l’été dernier son premier alunissage.

Les deux premières tentatives d’alunissage du Japon avaient, elles, mal tourné. En 2022, une sonde de la Jaxa, Omotenashi, embarquée à bord de la mission américaine Artemis 1, avait connu une défaillance fatale de ses batteries peu après son éjection dans l’espace. Et en avril 2023, un alunisseur de la jeune entreprise privée japonaise ispace s’était écrasé à la surface de la Lune, ayant raté l’étape de la descente en douceur.