Image légendée
Vue artistique, diffusée le 25 novembre 2020 par Metazoa Studio d’un mégalodon, inspirée de l’aspect du grand requin blanc © Metazoa Studio/AFP/Archives Hugo Salais

Vue artistique, diffusée le 25 novembre 2020 par Metazoa Studio d’un mégalodon, inspirée de l’aspect du grand requin blanc © Metazoa Studio/AFP/Archives Hugo Salais

Présenté comme un requin monstrueux dans le film En eaux troubles, le mégalodon était bien une redoutable créature des mers, mais une nouvelle étude de ses restes fossiles publiée aujourd’hui le décrit comme plus mince que dépeint jusqu'ici. 

Des chercheurs ont estimé la taille de cet animal, disparu des océans il y a 3,6 millions d’années, à 15 ou 20 mètres de long. Une marge d’erreur qu’explique le petit nombre de fossiles découverts à ce jour, des dents et des assemblages de vertèbres incomplets. Surtout, on lui avait assigné le même profil imposant que celui du seul requin de taille existant de nos jours, le grand requin blanc. Or ce serait une erreur, selon l’étude publiée dans la revue Palaeontologia Electronica, qui dépeint un animal plus élancé, sur le modèle de l’actuel requin Mako. « Notre équipe a réexaminé le registre fossile et découvert que le mégalodon était beaucoup plus mince » que supposé jusqu’ici, a souligné dans un communiqué le biologiste Phillip Sternes, de l’université de Californie à Riverside. « Il n'en aurait pas moins été un formidable prédateur, au plus haut de la chaîne alimentaire marine ».

En se fondant sur cette nouvelle analyse, les chercheurs assignent au mégalodon un comportement bien particulier. Ainsi, il n'aurait pas eu besoin de chasser très souvent, grâce à un tube digestif très long, en accord avec sa grande taille. Cette dernière a par ailleurs pu se révéler un handicap, quand sont arrivés des prédateurs plus trapus mais aussi plus rapides. En effet, le mégalodon « n'était peut-être pas un nageur puissant », comparé au grand requin blanc, selon un co-auteur de l’étude, Kenshu Shimada, paléobiologiste à l’université DePaul de Chicago.

Une des théories expliquant l’extinction d’Otodus megalodon repose sur la raréfaction de ses proies. Mais P. Sternes avance un autre scénario : « Je crois qu’une combinaison de facteurs a conduit à son extinction, mais l’un d’eux a pu être l’émergence du grand requin blanc, qui était peut-être plus agile, et donc un meilleur prédateur que le mégalodon ».

Pour dresser une image exacte de la véritable forme de l’animal, il faudra trouver un squelette plus complet que les rares éléments aujourd’hui disponibles, souligne K. Shimada. « Le fait que nous ne sachions pas précisément à quoi Otodus megalodon ressemblait laisse libre cours à notre imagination ». Et à celle des cinéastes.