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Les enfants dont la mère contracte la toxoplasmose durant sa grossesse risquent aussi d’être infectés, avec des conséquences pouvant être sévères : hydrocéphalie, troubles neurologiques, atteinte oculaire sérieuse © AFP/Archives PATRICK HERTZOG

La France a mis en place depuis 25 ans un programme de prévention de la toxoplasmose congénitale unique au monde : ce dépistage prénatal au coût non négligeable, est-il efficace ? Absolument, répond une étude médico-économique française. Publiée dans la revue scientifique Plos One, cette étude est le fruit du travail d’une équipe de parasitologues des Hospices civils de Lyon (HCL), d’épidémiologistes de Dijon et d’économistes de la santé français et américains.

La toxoplasmose est une infection parasitaire (Toxoplasma gondii), la plupart du temps bénigne. Cependant, les enfants dont la mère la contracte durant sa grossesse risquent aussi d’être infectés, avec des conséquences pouvant être sévères : hydrocéphalie, troubles neurologiques, atteinte oculaire sérieuse...

En France, grâce au programme de prévention, seulement 800 femmes par an, sur quelque 767 000 naissances en 2017, contractent la maladie pendant leur grossesse et 150 bébés sont touchés par la toxoplasmose. « Les décideurs se posent des questions sur les efforts financiers consentis pour ce programme. Mais cela reste dans les clous des autres programmes en France et le rapport coût-bénéfice est favorable », estime la professeure Martine Wallon, chef du service de parasitologie de la Croix-Rousse.

L’étude va dans le même sens. Au-delà de la réduction de la transmission materno-fœtale, l’intérêt du dépistage prénatal est de réduire la gravité de la maladie grâce à un diagnostic et un traitement postnataux précoces, ajoute-t-elle. « Le dépistage prénatal est rentable comparé au dépistage néonatal dans les zones de prévalence modérée », conclut l’étude. « De plus, les femmes à risques étant suivies de très près, elles sont mieux informées des bonnes pratiques pour éviter de contracter la toxoplasmose ». « Nous avons pu prouver que le programme était efficient à court terme, un an après la naissance, et à plus long terme, lorsque la majorité des séquelles de l’infections sont reconnues », renchérit Christine Binquet épidémiologiste au CHU de Dijon.

En France, « dans les années 1970-1980, un quart des femmes n’étaient pas immunisées contre la toxoplasmose, aujourd’hui ce sont 75 % d’entre elles », relève Martine Wallon. Pourquoi ? « On se lave mieux les mains, on consomme moins de viande, on est moins en contact avec les animaux... Les femmes sont moins exposées au parasite et donc moins immunisées ».

Parmi les non immunisées, seules 2 sur 1 000 contracteront la maladie. Les épidémiologistes de Dijon ont conçu le modèle de l’étude prenant en compte les options possibles de prise en charge à chaque étape, et Lyon a fourni des données à partir d’une cohorte de femmes enceintes et d’enfants suivis à l’hôpital de la Croix-Rousse-HCL.

Le groupe comprenait 750 sujets ayant été atteints de toxoplasmose congénitale et suivis depuis les années 1980 pour les plus âgés. Il existe d’autres programmes de prévention en Slovénie ou en Autriche, « mais moins ambitieux ». D’autres pays, note la Pr Wallon, comme le Danemark, « ont arrêté le dépistage prénatal, estimant que cela était trop stressant pour les mères ».