La pollution à New Delhi, bien que réduite, reste nocive
Publié le - par le blob avec l'AFP
Le renforcement des vents permettait mardi une amélioration de la situation à New Delhi, mais la qualité de l’air y restait exécrable et néfaste à la santé de ses vingt millions d’habitants.
À 10H00 (04H30 GMT), l’ambassade des États-Unis dans la capitale indienne enregistrait une concentration de particules fines PM2, 5 de 230 microgrammes par mètre cube d’air, soit moitié moins que la veille à la même heure. Malgré cette baisse notable, un tel niveau de pollution demeure bien supérieur aux seuils recommandés, l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) conseillant de ne pas dépasser une concentration de 25 en moyenne quotidienne.
À New Delhi, les écoles restaient fermées et les chantiers à l’arrêt mardi. La circulation automobile alternée est en place jusqu’au 15 novembre, même si les experts sont circonspects sur l’efficacité réelle du dispositif. Comme chaque année à cette période, la Cour suprême a fustigé lundi l’inaction des autorités et leur a ordonné de prendre des mesures immédiates : « les gens sont en train de mourir, cela ne peut pas se produire dans un pays civilisé », s’est insurgé un panel de juges.
Cette haute instance judiciaire a ordonné aux États voisins du Penjab, d’Haryana et d’Uttar Pradesh de faire cesser les brûlis agricoles, qui contribuent en grande partie à créer le « smog » enveloppant la capitale et causant de fortes toux plusieurs jours durant chez ses habitants.
Des images satellites de la NASA montrent la présence de milliers de feux dans le nord-ouest de l’Inde ces 48 dernières heures. Cette pratique, interdite, permet aux agriculteurs indiens de nettoyer leurs champs à moindre coût des résidus de la récolte du riz pour pouvoir semer la culture suivante.
Le gouvernement indien subventionne aujourd’hui l’achat d’engins agricoles qui permettent de laisser moins de chaume, mais bien des cultivateurs rechignent à sauter le pas en raison de leur prix. « Ces machines dont les gens parlent, un agriculteur normal n’a pas les moyens de se les procurer. Elles sont très chères. Quel agriculteur en a les moyens ? », a déclaré Satnam Singh, un agriculteur du Penjab. « Sans brûler les résidus, nous ne pouvons pas semer de blé dans notre champ ».
Purificateur en plein air
Chaque année au début de l’hiver, une conjonction de facteurs naturels (froid, vents faibles, etc.) et humains (brûlis agricoles, émissions industrielles et des automobiles, feux pour se réchauffer, etc.) cause cet épisode de forte pollution.
D’un diamètre égal au trentième de celui d’un cheveu humain, les particules fines en suspension dans cet air toxique peuvent s’infiltrer dans le sang à travers les poumons. Une exposition à long terme aux PM2, 5 accentue les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons.
Au-delà de New Delhi, la pollution atmosphérique est un mal endémique dans tout le nord de l’Inde, le long de la plaine du Gange. Selon un rapport de l’OMS l’an passé, 14 des 15 villes les plus polluées du monde se trouvent dans ce pays.
Les autorités locales se sont aussi rendues au chevet du Taj Mahal, dont le marbre blanc est jauni de longue date par la pollution atmosphérique. Elles ont donc garé, à proximité du célèbre monument, un camion sur lequel tourne un grand purificateur d’air extérieur.
Chaque saison de pollution en Inde s’accompagne de son lot d’initiatives à l’efficacité scientifique douteuse. On a ainsi pu voir, ces dernières années, des pompiers asperger à la lance à incendie un carrefour de Delhi du haut d’un bâtiment ou un brumisateur géant être installé devant une station de métro. Ces expériences n’ont pas été reconduites.
« Je ne m’attendais pas à tant de pollution, c’est très surprenant », a confié Gildas Courtois, un touriste français rencontré au Taj Mahal. « Nous toussons. Le nez est bouché. Et les yeux brûlent aussi. Nous ne nous sentons pas à l’aise du tout ». En 2017, la pollution de l’air a causé 1,2 million de décès prématurés en Inde, selon l’estimation d’une étude parue l’année dernière dans la revue scientifique The Lancet.