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Le village de Kivalina, en Alaska, dans le cercle arctique, le 10 septembre 2019 © Getty Images North America/AFP Joe Raedele

Comme un paquebot lancé à toute vitesse et incapable de s’arrêter, le niveau des océans montera dramatiquement même si l’on réduit à zéro les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, avertissent des chercheurs en sciences du climat dans une étude publiée lundi 4 novembre.

Les seuls gaz à effet de serre rejetés entre 2015 – signature de l’accord de Paris – et 2030 contribueront à élever le niveau des mers de huit centimètres d’ici 2100 et vingt centimètres d’ici 2300, par rapport à la période de référence 1986-2005, rapporte une équipe allemande dans la revue Pnas.

Le but de l’étude, explique le co-auteur Alexander Nauels, de l’institut Climate Analytics basé à Berlin, est de montrer que les émissions actuelles ont un effet assuré sur la montée des eaux, et que cet effet sera particulièrement ressenti dans les deux prochains siècles.

Au total, la montée des eaux atteindrait au moins un mètre d’ici 2300, dans le scénario très improbable où les émissions tomberaient à zéro en 2030. En tout état de cause, la hausse a de grandes chances de dépasser le mètre.

Les scientifiques mandatés par l’Onu ont déjà prédit 26 à 77 cm de hausse du niveau des eaux d’ici la fin de notre siècle. Mais le quart de cette élévation sera dû aux seules émissions de la Chine, des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Inde et de la Russie pendant 40 ans, pour la seule période 1991-2030, calculent les chercheurs dans cette nouvelle étude.

Par comparaison, les océans ont monté de l’ordre de 20 centimètres au cours du 20e siècle. « On se concentre d’habitude sur le 21e siècle, ce qui peut parfois donner la fausse impression qu’après le 21e siècle tout s’arrêtera », dit le chercheur. Or la montée des eaux est due à plusieurs phénomènes complexes, qui agissent pour certains sur des échelles de plusieurs siècles. On comprend toujours mal le comportement des glaces de l’Antarctique, qui jusqu’à présent ont moins fondu que le Groenland. « Le problème de la montée des eaux est que c’est un système très lent, avec un temps de réponse très long », souligne Alexander Nauels.

Et il ajoute : « Un centimètre, ça n’a peut-être l’air de rien, mais c’est beaucoup ». Dans un rapport publié l’an dernier, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ont écrit que réduire de dix centimètres la montée des eaux permettrait d’épargner directement 10 millions de personnes.