Le Nobel de chimie aux pères des batteries au lithium-ion
Publié le - par le blob, l’extra-média, avec l’AFP
Le prix Nobel de chimie a mis à l’honneur mercredi un Américain, un Britannique et un Japonais, inventeurs de la batterie au lithium-ion qui équipe smartphones et voitures électriques et dont la demande explose face à l’urgence climatique. Le Nobel récompense l’Américain John Goodenough, qui devient à 97 ans le plus vieux lauréat du Nobel de l’histoire, le Britannique Stanley Whittingham, né en 1941, et le Japonais Akira Yoshino, 71 ans.
« Ce type de batterie légère, rechargeable et puissante est maintenant utilisée partout », a souligné l’Académie suédoise royale des sciences qui décerne le prix. « Elle peut stocker des quantités significatives d’énergie solaire et éolienne, ouvrant la voie à une société libérée des énergies fossiles », a-t-elle ajouté.
Dans le sillage des crises pétrolières des années 1970, Stanley Whittingham, aujourd’hui professeur à la Binghamton University, dans l’État de New York, mais travaillant alors pour la compagnie pétrolière Exxon, se met en quête de sources d’énergie non-fossiles. C’est ainsi qu’il découvre une méthode pour produire de l’énergie à partir du lithium, un métal si léger qu’il flotte sur l’eau.
John Goodenough, professeur à l’université du Texas à Austin, fait ensuite le pari d’augmenter les propriétés de l’innovation si l’énergie est produite à partir d’oxyde métallique en lieu et place du disulfure. En 1980, il démontre que la combinaison d’oxyde de cobalt et d’ions de lithium peut produire jusqu’à quatre volts. À partir de ces découvertes, Akira Yoshino, 71 ans, crée la première batterie commerciale, en 1985. « Je pense que le changement climatique est un défi très grave pour l’humanité et les batteries au lithium-ion peuvent stocker de l’électricité », a réagi Akira Yoshino, professeur à l’université Meijo de Nagoya au Japon, interviewé après l’annonce de son prix.
Une autre époque
« Dans le contexte de crise climatique que nous connaissons aujourd’hui », ces découvertes « profitent à l’humanité de bien des façons », juge Pernilla Wittung-Stafshede, membre de l’Académie royale des sciences, interrogée par l’AFP.
« Notre vie de tous les jours dépend de cette batterie lithium-ion. Que ça soit dans nos portables, nos ordinateurs, les voitures hybrides ou électriques, tous ces objets électroniques sont à base de la technologie lithium-ion », a expliqué à l’AFP Jean-Marie Tarascon, un chimiste et professeur au Collège de France. « Je suis extrêmement heureux que ma découverte ait pu aider à communiquer à travers le monde. Nous devons bâtir des relations, pas (livrer) des guerres ! », s’est réjoui John Goodenough, devant des journalistes à Londres.
Tirée par une demande en hausse, la production mondiale de lithium n’a cessé de croître ces dernières années. En 2018, l’Australie a été le premier producteur mondial de lithium (51 000 tonnes), suivie du Chili (16 000) et de la Chine (8 000). Le professeur Whittingham était justement à une conférence sur les batteries à Ulm, en Allemagne, mercredi. Il a expliqué qu’à l’époque où il était chez Exxon, dans les années 1970, les grosses entreprises finançaient de grands laboratoires. « C’était une autre attitude », a-t-il dit dans un entretien pour le site internet du Nobel. « C’est difficile de reproduire cet environnement, la plupart des compagnies sont complètement dépendantes de la Bourse ».