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La Station spatiale internationale le 7 mars 2011 sur une image fournie par la Nasa © Nasa/AFP

L’armée américaine a déclaré lundi enquêter sur un « événement ayant généré des débris » dans l’espace et ayant forcé les astronautes actuellement dans la Station spatiale internationale à se réfugier temporairement dans leurs vaisseaux afin de pouvoir évacuer rapidement en cas de besoin. « Le commandement américain pour l’espace est au courant d’un événement ayant généré des débris dans l’espace. Nous travaillons activement à caractériser le champ de débris », a déclaré un porte-parole, qui a également indiqué que l’armée était en relation avec le département d’Etat et la Nasa sur ce dossier.

Certains spécialistes spatiaux américains suspectent qu’un test de missile antisatellite conduit par la Russie soit à l’origine de ces débris, les informations n’ayant pas été confirmées pour le moment. Une telle action, qui constituerait une démonstration de force de Moscou, a déjà été conduite par quatre nations seulement par le passé, dont la Russie. Elle est très critiquée notamment à cause des nombreux débris générés, qui deviennent alors de dangereux projectiles.

Plus tôt, l’agence spatiale russe Roscosmos avait, elle, déclaré les astronautes à bord de la Station spatiale internationale (ISS) hors de danger, sans faire mention d’un possible test de missile. « L’orbite de l’objet, qui a forcé l’équipage aujourd’hui à se rendre dans le vaisseau selon les procédures standard, s’est éloigné de l’orbite de l’ISS, a tweeté Roscosmos. La Station est désormais dans le vert. » « Les amis, tout est en ordre chez nous. On continue le travail selon notre programme », a également tweeté le cosmonaute russe Anton Shkaplerov. Contactée, la Nasa n’a pas immédiatement répondu aux demandes de l’AFP.

Sept personnes se trouvent actuellement dans l’ISS. Selon le média spécialisé Spaceflight Now, les astronautes de la Nasa Raja Chari, Kayla Barron et Tom Marshburn, ainsi que l’astronaute de l’Agence spatiale européenne (Esa), Matthias Maurer, ont dû se réfugier dans la capsule Dragon de SpaceX, à bord de laquelle ils sont arrivés il y a seulement quelques jours. L’astronaute américain Mark Vande Hei et les deux cosmonautes russes Anton Shkaplerov et Piotr Doubrov se sont eux rendus dans le vaisseau Soyouz. Cette procédure doit leur permettre de quitter la Station spatiale vers la Terre en cas d’urgence. Tous avaient regagné l’intérieur de l’ISS en milieu de journée lundi, de même source.

« Des événements de débris causés par des tests antisatellites n’arrivent pas souvent, le dernier était un test indien » en mars 2019, a rappelé l’astronome Jonathan McDowell interrogé par l’AFP. Selon lui, en déduisant les trajectoires de l’ISS et des objets à proximité, le satellite visé pourrait être un satellite nommé Cosmos 1408, qui n’est plus actif depuis les années 1980. « Le détruire n’était absolument pas nécessaire », a jugé le spécialiste, Nous avons déjà beaucoup trop de débris là-haut pour délibérément en générer d’autres, c’est inexcusable ». Selon lui, certains débris provoqués par ce test se désintégreront en entrant dans l’atmosphère « dans les mois qui viennent », mais d’autres pourraient rester en orbite pendant des années.