Le robotaxi sans chauffeur débarque à Shanghai
Publié le - par LeBlob.fr, avec l'AFP
Des rues envahies de voitures qui roulent sans intervention humaine? Cette scène digne d'un film de science-fiction est encore lointaine, notamment pour des raisons technologiques, réglementaires et de sécurité.
Mais dans un contexte de forte rivalité technologique Pékin-Washington, les principaux acteurs de la tech chinoise ont lancé des projets de véhicules autonomes dans plusieurs villes -- à l'image de leurs homologues américains.
Parmi eux, Baidu (propriétaire du moteur de recherche le plus populaire de Chine), DiDi Chuxing (véhicules de tourisme avec chauffeur) ou encore AutoX (soutenu par le géant local du commerce en ligne Alibaba).
Le PDG d'AutoX, Xiao Jianxiong, affirme même vouloir lancer sur les routes son premier véhicule totalement autonome avant la fin de l'année.
Dans la capitale économique chinoise aux près de 25 millions d'habitants, les « robotaxis » lancés en juin par DiDi Chuxing (le « Uber chinois ») attirent déjà de nombreux usagers impatients de tester le dispositif.
A l'aide d'une application, ils indiquent le trajet qu'ils désirent effectuer. Ils sont ensuite récupérés par une Volvo flambant neuve truffée d'électronique et surmontée d'un radar tournoyant.
Signe du côté encore expérimental du service: un employé occupe le siège conducteur, prêt à s'emparer du volant en cas d'imprévu...
Voix féminine
Mais pas de quoi refroidir Da Xuan, une employée d'un réseau social, qui a décidé de s'offrir un avant-goût du futur.
« Des entreprises comme Uber ou Tesla font de la conduite autonome. Alors j'étais curieuse de voir où en sont les compagnies chinoises », explique-t-elle.
« Tout s'est déroulé sans accroc », raconte-elle, ajoutant se sentir en sécurité dans ce type de véhicule.
Seule contrainte pour les utilisateurs: le trajet désiré doit pour l'instant se cantonner à l'intérieur d'un périmètre bien défini, situé en banlieue de Shanghai.
Dans l'atmosphère parfois anarchique de la rue chinoise, le véhicule accélère, freine et prend les virages avec assurance. « Votre voiture a été désinfectée », « nous cédons le passage aux piétons », annonce au fil du voyage une douce voix féminine diffusée dans l'habitacle.
Lorsqu'un camion roulant devant la Volvo fait subitement une embardée, l'intelligence artificielle freine le véhicule avec brio et en douceur.
Le système a toutefois encore besoin de rodage. A un stop, le freinage est si brusque que les passagers sont légèrement projetés vers l'avant. Et tout écart par rapport au trajet prévu nécessite une intervention humaine.
Mais Meng Xing, directeur général de la conduite autonome chez DiDi Chuxing, l'assure: l'intelligence artificielle « est déjà suffisamment au point pour gérer seule la plupart des situations » sans besoin de toucher au volant ni aux freins.
« Long chemin »
Elon Musk, le fantasque patron de Tesla, a assuré début juillet que le constructeur de véhicules électriques américain parviendrait cette année à mettre au point une voiture entièrement autonome. Une affirmation remise en cause par de nombreux analystes.
Selon Paul Lewis, responsable de recherche au Eno Center for Transportation, un organisme à but non lucratif basé à Washington, les compteurs sont « remis à zéro » en termes d'attentes car la technologie n'est pas encore au point.
« Les ingénieurs commencent à réaliser les limites de l'intelligence artificielle » et il reste « un long chemin » avant de pouvoir produire une voiture 100% autonome.
Mais Xiao Jianxiong, de AutoX, vise un déploiement « significatif » de véhicules d'ici deux ou trois ans, malgré les obstacles réglementaires et technologiques.
« C'est une question de temps et d'efforts. Mais ça viendra », déclare-t-il.
De son côté, Baidu prévoit des centres de tests de voitures autonomes dans une dizaine de villes de Chine, dont Pékin. L'entreprise teste par ailleurs une flotte de 45 taxis à Changsha (centre).
Malgré le flou persistant sur cette technologie, DiDi Chuxing voit grand: un responsable de l'entreprise de VTC a déclaré en juin vouloir gérer un million de véhicules autonomes d'ici à 2030.
« Il reste 0,5% de problèmes à résoudre. Mais on croit en l'avenir. On arrivera à fournir un service plus sûr que celui d'un conducteur humain. »