Le tabac responsable de 16 % des décès des plus de 30 ans en Europe
Publié le - par le blob, l'extra-média
Le tabac est le principal facteur de risque de décès évitable en Europe, et sa part dans la mortalité totale y est particulièrement élevée en comparaison des autres régions du monde. Une étude de l’Ined détaille, pays par pays, l’impact du tabac sur l’espérance de vie des Européens, hommes et femmes, depuis plusieurs décennies.
En 2016, la planète comptait plus d’un milliard de fumeurs – soit 22 % de la population âgée de 15 ans ou plus. Dans les pays les plus avancés, la mortalité des fumeurs est en général deux à trois fois plus élevée que celle des non-fumeurs, et leur vie raccourcie de six à dix ans. C’est entre 30 et 69 ans que leur surmortalité est la plus forte. Selon les dernières estimations du Global Burden of Disease, la consommation de tabac serait responsable de 6,4 millions décès dans le monde en 2015, soit 11 % de l’ensemble des décès. La fréquence du tabagisme est cependant très différente selon les pays, les sexes et les périodes. Il en résulte que l’influence du tabac sur les niveaux et tendances de la mortalité varie également beaucoup.
Le calendrier et l’intensité de l’épidémie de tabagisme diffèrent selon le sexe et le pays. L’épidémie a d’abord commencé chez les hommes, et dans les pays anglo-saxons et du Nord-Ouest de l’Europe ; elle a ensuite touché les autres pays européens ; puis la Chine, le Japon, l’Asie du Sud-Est, l’Amérique latine, l’Afrique du Nord ; et, enfin, l’Afrique subsaharienne. L’épidémie chez les femmes s’est diffusée plusieurs décennies après celle chez les hommes, mais la fréquence du tabagisme est toutefois restée plus faible.
En Europe, le tabac est actuellement le facteur de risque de mortalité évitable le plus important. Avec 29 % de fumeurs chez les adultes, l’Europe est la région du monde où la fréquence du tabagisme est la plus élevée. La part de la mortalité totale due au tabac parmi les adultes de plus de 30 ans est de 16 % en Europe, contre 11 % en moyenne dans le monde.
Genre et pays, paramètres essentiels
L’épidémie de tabagisme n’ayant pas eu lieu au même moment dans les différentes régions d’Europe, ainsi que chez les hommes et les femmes, les niveaux de mortalité due au tabac sont variables. Chez les hommes, la part de la mortalité due au tabac varie de 9 % (Suède) à 35 % (Hongrie), et elle est en moyenne de 20 % pour l’ensemble des 29 pays européens étudiés. Chez les femmes, la part est nettement plus faible, allant de 0,1 % (Biélorussie) à 22 % (Danemark), avec un niveau moyen de 8 %.
Chez les hommes, elle est généralement plus élevée dans les pays de l’Est qu’ailleurs en Europe (respectivement 27 % et 17 % en moyenne) ; et chez les femmes, plus élevée dans les pays d’Europe du Nord-Ouest qu’ailleurs (respectivement 11 % et 6 %). L’épidémie de tabac est la plus avancée dans le Nord-Ouest de l’Europe. La mortalité due au tabac y est en baisse chez les hommes alors qu’elle approche de son pic chez les femmes. Le début précoce de l’épidémie dans les pays d’Europe du Nord-Ouest s’explique par la production automatisée de cigarettes apparue très tôt dans ces pays, favorisée par des niveaux de revenus élevés. En moyenne, le tabac contribue pour 28 % à l’écart d’espérance de vie entre les sexes dans les pays étudiés.
Le tabac contribue également aux différences d’espérance de vie entre pays. En 2014, côté masculin, la différence d’espérance de vie entre la Hongrie (72,3 ans) et la Suède (80,4 ans) est de 8,1 ans. Cette différence serait inférieure de 3,7 ans sans tabac. Pour les femmes, on observe le schéma opposé, l’épidémie de tabac se traduisant actuellement par de plus petites différences entre pays en raison d’une mortalité attribuable au tabac plus élevée en Europe de l’Ouest qu’en l’Europe de l’Est.
Le tabac a eu des effets sur les espérances de vie nationales à des époques différentes. Aux Pays-Bas, au Danemark et dans les autres pays nordiques, l’espérance de vie a stagné dans les années 1950 et 1960, mais si on supprime la mortalité due au tabac, il n’y a plus de stagnation mais juste un léger ralentissement. De même, chez les Danoises et les Néerlandaises, la stagnation, qui a lieu dans les années 1980-1990, disparaît si l’on considère la seule mortalité non liée au tabac. Pour les hommes des autres pays européens, et les femmes des autres pays d’Europe du Nord-Ouest et de certains pays d’Europe de l’Est, l’espérance de vie aurait augmenté de façon encore plus importante sans le tabac. Si on considère la seule mortalité non liée au tabac, l’évolution à la hausse de l’espérance de vie des hommes ressemble davantage à celle des femmes.