Alessia, neuf ans, prend délicatement entre ses mains Waffle, un hamster mis à sa disposition dans son traitement pour déficit d'attention dans un hôpital de Mexico. « Il m'aide à oublier l'anxiété, à contrôler mes émotions, à me détendre, à être plus concentrée », raconte la petite fille à la fin d'une séance en présence de deux psychologues.

Image légendée
Alessia, 9 ans, souffrant d'hyperactivité avec déficit de l'attention, joue avec un hamster pendant une séance de thérapie au Centre national de santé mentale de l'ISSSTE, le 7 juillet 2023 à Mexico © AFP Claudio Cruz

Huit chiens et deux perruches australiennes complètent l'équipe d'animaux dressés pour ce programme du Centre national de Santé mentale de l'Institut de sécurité et des services sociaux des travailleurs de l'État (ISSSTE).

La vedette s'appelle Harley, alias « le borgne », un chien pug de cinq ans qui a perdu l'œil droit en jouant avec une porte. Harvey est devenu célèbre pendant la pandémie de Covid-19, qui a aggravé et popularisé les questions de santé mentale dans le monde entier.

« Il s'est remis rapidement et nous avons pris cet exemple de résilience face à l'adversité », affirme la docteure Lucia Ledesma, responsable nationale du Service de santé mentale de l'ISSSTE. « Maman humaine » de Harley, la spécialiste en neuropsychologie est l'une des précurseures de cette initiative prise dès 2016 pour aider initialement les enfants atteints de cancer.

Image légendée
La docteure Lucia Ledesma, responsable nationale du Service de santé mentale de l'ISSSTE, et le chien Harley, alias "le borgne", le 9 juillet 2023 à Mexico © AFP Claudio Cruz

Les « animaux-thérapies » ont commencé dans d'autres pays dès les années 1970. « Le contact avec les animaux génère des changements neuro-psychologiques radicaux, en abaissant le niveau de stress, d'anxiété, en plus de favoriser d'autres processus cognitifs », détaille Ledesma. 

Un soulagement pendant la pandémie

Pendant la pandémie, Harley allait jusque dans les unités Covid des hôpitaux pour distraire les membres du personnel médical séparés de leurs familles, confrontés à de très longues journées de travail. « Ce fut le seul endroit au monde où des animaux sont entrés dans des unités Covid », assure Ledesma. « Nous avons reçu une reconnaissance internationale ».

Image légendée
Le chien Pulgoso dans les bras de l'infirmière Silvia Hernández pendant une séance de thérapie au Centre national de Santé mentale de l'ISSSTE, le 7 juillet 2023 à Mexico © AFP Claudio Cruz

Infirmière, Silvia Hernandez a connu Harley pendant la pandémie. « Nous avons pu voir l'émotion des collègues (...) comment sa présence leur permettait de se libérer de la tension. Certains en ont pleuré », se souvient l'infirmière.

La pandémie a aggravé les problèmes de santé mentale sur le continent américain, selon un rapport de l'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS). En cause : l'augmentation des facteurs de risques comme le chômage, l'insécurité économique et le deuil.

Image légendée
La perruche australienne Heimer dans les mains d'un neuropsychologue au Centre national de santé mentale de l'ISSSTE, le 7 juillet 2023 à Mexico © AFP Claudio Cruz

C'est dans ce contexte que l'ISSSTE a créé le programme de santé mentale « Harley et ses amis ». L'objectif est de prévenir et détecter les complications, et d'intervenir sur les problèmes déjà identifiés, souligne Ledesma. Le choix d'un chien dépend moins de sa race que de son tempérament, qui doit transmettre de la tranquillité, et de sa capacité à interagir avec les humains, ajoute la spécialiste.

L'avantage c'est qu'il ne coûte rien à la Sécurité sociale, ajoute-t-elle en plaisantant sur Harvey : « Il continue de faire des gardes et des remplacements ».