Image légendée
Les tours aéroréfrigérantes de la centrale nucléaire française du Bugey dans la commune de Saint-Vulbas (Ain), le 24 juillet 2023 © AFP/Archives Emmanuel DUNAND

Les Vingt-Sept cherchent mardi à débloquer les négociations sur la réforme du marché européen de l’électricité, plombées par les divergences franco-allemandes sur le soutien au nucléaire, au cœur d’un débat sur la compétitivité de l’industrie.

Les ministres européens de l’Énergie sont réunis à Luxembourg, une semaine après une rencontre entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron — qui avait affirmé la volonté des deux pays de conclure un accord « d’ici la fin du mois ».

Depuis, la présidence espagnole de l’UE a proposé de faire complètement disparaître du texte la question controversée du dispositif de soutien aux centrales nucléaires existantes, ce qui ne satisfait ni Paris ni Berlin.

Les autres pays sont suspendus à un compromis entre les deux premières puissances de l’UE. « La question des distorsions de concurrence est désormais au cœur des négociations, ce qui me rend optimiste quant à un accord », a assuré lundi la ministre autrichienne Leonore Gewessler.

Après l’envolée des prix de l’électricité l’an dernier, le texte entend faire baisser les factures des ménages et entreprises grâce à des contrats de long terme permettant de lisser l’impact de la volatilité des cours du gaz. 

Il s’agit aussi d’assurer davantage de prévisibilité aux investisseurs : tout soutien public à de nouveaux investissements dans la production d’électricité décarbonée (renouvelables ou nucléaire) se ferait via des « contrats pour la différence » (CFD) à prix garanti par l’État.

Selon ce mécanisme, si le cours du marché de gros est supérieur au prix fixé, le producteur d’électricité doit reverser les revenus supplémentaires engrangés à l’État, qui peut les redistribuer. Si le cours est en deçà, c’est l’État qui lui verse une compensation.

Bruxelles souhaitait étendre ces CFD aux investissements destinés à prolonger la vie des centrales nucléaires existantes.

Le sujet est crucial pour la France, soucieuse de financer la réfection de son parc nucléaire vieillissant et de maintenir des prix bas, un atout majeur pour les industriels du pays, notamment après la fin en 2025 du mécanisme obligeant EDF à céder une partie de sa production à prix cassé.

De quoi inquiéter Berlin. L’Allemagne, sortie du nucléaire, redoute la concurrence, selon elle déloyale, d’une électricité française rendue plus compétitive grâce à un soutien public massif.