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Un moustique Aedes aegypti infecté par une bactérie permettant d'éradiquer la dengue, lors du programme mené au Brésil en 2017 © AFP/Archives Apu Gomes

La mairie de Nouméa en Nouvelle-Calédonie a lâché mercredi dans la nature les premiers moustiques auxquels une bactérie permettant d’éradiquer la dengue a été inoculée, dans le cadre d’un programme sanitaire innovant, a constaté l’AFP.      

Lors d’une cérémonie organisée dans le centre-ville de la capitale calédonienne, quelque 500 moustiques « wolbachia » ont été libérés de petites boites de laboratoire, après avoir été infectés par la bactérie du même nom.      

Des chercheurs australiens ont mis en évidence il y a une dizaine d’années que l’inoculation de cette bactérie à l’Aedes Aegypti, moustique tigré au rang des plus dangereux au monde, bloquait la transmission aux humains des virus de la dengue, du zika et du chikungunya.     

« Il s’agit d’une bactérie présente naturellement dans 60 % des insectes et qui est inoffensive pour l’homme et pour l’environnement », a expliqué le docteur Nadège Rossi, chef du World Mosquito Program à Nouméa.     

En mars 2018, l’université australienne de Monash, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, l’institut Pasteur et la ville de Nouméa ont conclu un partenariat pour expérimenter cette méthode biologique innovante de lutte contre ces maladies. Il s’agit d’une première sur le territoire français, alors que la méthode a déjà été éprouvée avec succès dans une douzaine de pays dont l’Australie, le Brésil ou l’Indonésie.    

« Les résultats y ont été extrêmement concluants avec une disparition des épidémies de dengue dans toutes les zones qui ont été traitées », a déclaré à l’AFP Tristan Derycke, adjoint au maire en charge des questions sanitaires.      

Pendant six mois, des lâchers de moustiques « wolbachia » vont avoir lieu toutes les semaines à Nouméa « le temps que la population de moustiques se renouvelle et qu’il n’y ait plus que des moustiques “wolbachia” dans la nature », précise-t-il.

Il a également déclaré avoir « bon espoir » que toute la Nouvelle-Calédonie adopte ce procédé, qui met fin aux épandages d’insecticides.      

Depuis le début de l’année, deux personnes, dont une fillette de 8 ans, sont mortes de la dengue en Nouvelle-Calédonie, près de 4 000 personnes ont été contaminées et 300 hospitalisées.        

« Les épidémies s’allongent et paraissent cliniquement de plus en plus sévères avec des morts chaque année et des séquelles en termes oculaires ou hépatiques », a précisé Tristan Derycke, médecin de formation.      

En 2017, 13 personnes avaient succombé en Nouvelle-Calédonie à l’arbovirose, qui provoque douleurs articulaires et forte fièvre et s’avère mortelle quand elle devient hémorragique ou s’attaque à un organe vital.