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Décollage de la fusée Nuri depuis le centre spatial Naro, à Goheung, en Corée du Sud © KARI/AFP Handout

La Corée du Sud a lancé jeudi sa fusée de conception nationale baptisée Nuri avec à son bord « un satellite de type commercial », un tournant dans le programme spatial sud-coréen en plein essor. « Nous informons que le troisième tir de Nuri, qui a été conçue de manière indépendante (…), a été réalisé avec succès », a déclaré Lee Jong-ho, le ministre des sciences et de la technologie.

Pour le ministre sud-coréen, ce lancement confirme le « potentiel de (nos) pas de tir pour diverses opérations satellitaires et pour l’exploration spatiale ». Une avancée qui devrait donner un avantage concurrentiel à la Corée du Sud dans la course mondiale à l’espace, a souligné le président Yoon Suk Yeol.

Ce pays s’est notamment fixé comme objectif l’envoi d’engins spatiaux sur la Lune d’ici à 2032 et sur Mars d’ici à 2045. « Le succès du troisième tir de Nuri est un formidable accomplissement qui montre que la Corée du Sud a rejoint les puissances spatiales du G7 », a déclaré le chef de l’Etat dans un communiqué.

Trois autres lancements de Nuri seront effectuées d’ici à 2027, a-t-il ajouté. 

Celui de jeudi est déjà le troisième. Le premier s’était soldé par un échec avant un succès en 2022 au deuxième lancement de cette fusée qui avait mis en orbite des satellites d’essai. Les charges utiles transportées par le lanceur avaient alors principalement eu pour but d’étudier ses performances. 

Nuri s’est envolée hier à 18h24 heure locale (9h24 GMT) du centre spatial de Naro, dans la région côtière méridionale de la Corée du Sud, laissant une énorme traînée de fumée blanche derrière elle. Elle embarque huit satellites opérationnels dont un véritable « satellite de type commercial », a précisé le ministère sud-coréen des sciences. Ce dernier a pu communiquer avec la King Sejong Station, la station sud-coréenne dans l’Antarctique. 

Les satellites que Nuri transporte se sont séparés avec succès, selon les images officielles. Plus de 200000 téléspectateurs ont regardé en direct l’évènement sur YouTube. 

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Décollage de la fusée Nuri depuis le centre spatial Naro, à Goheung, en Corée du Sud © KARI/AFP Handout

Ce « troisième tir vise à placer sur une orbite cible un satellite » mis au point en Corée du Sud, a indiqué aux journalistes Ko Jeong-hwan, le directeur du programme de la fusée Nuri à l’Institut coréen de recherche aérospatiale (KARI). Cet engin de quelque 180 kg, NEXTSat 2, a été créé par l’Institut supérieur coréen des sciences et des technologies (KAIST). Il doit être mis sur orbite à quelque 550 km d’altitude, explique le KARI. 

L’appareil est équipé d’un petit radar à synthèse d’ouverture qui permet d’obtenir des images de haute résolution quelles que soient les conditions météorologiques. Il a fallu une dizaine d’années pour créer cette fusée de 47 mètres de haut et d’un poids de 200 tonnes, pour un coût de 2000 milliards de wons (1,4 milliard d’euros).

La Corée du Sud est un des pays les plus avancés technologiquement mais elle était restée à la traîne dans le domaine de l’exploration spatiale, là où l’Union soviétique avait ouvert la voie avec le lancement du premier satellite en 1957. 

Les deux premiers tirs sud-coréens d’une fusée utilisant en partie la technologie russe, en 2009 et 2010, s’étaient soldés par un échec. En janvier 2013, elle avait finalement été lancée avec succès.