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Google a lancé Bard, sa réponse à ChatGPT, dans une cinquantaine de nouveaux pays © AFP/Archives Loic Venance

Google accélère dans la course à l’intelligence artificielle avec Bard, sa réponse à ChatGPT, disponible dans une cinquantaine de nouveaux pays. Ce lancement avait été retardé de plusieurs mois en raison de contraintes réglementaires européennes et des inquiétudes du régulateur irlandais des données personnelles (la DPC). Son concurrent, le logiciel phare d’OpenAI, ChatGPT, a également accusé de ne pas respecter la réglementation européenne. Fin mars, il avait été bloqué pendant un mois en Italie.

« Google a effectué un certain nombre de modifications en amont du lancement, en particulier en améliorant la transparence et en modifiant certains mécanismes de contrôle pour les utilisateurs », a indiqué Graham Doyle, porte-parole de la DPC, dans une déclaration à l’AFP. « Google a accepté de procéder à un audit et de fournir un rapport à la DPC trois mois après que Bard sera devenu opérationnel dans l’UE », a-t-il poursuivi. En effet, les algorithmes d’intelligence artificielle suscitent de nombreuses craintes en matière de vie privée, de désinformation ou de respect de la propriété intellectuelle. Bruxelles souhaite réguler le secteur via un texte actuellement en discussions. Le comité européen des données a également lancé un groupe de travail sur le sujet. Mais des entreprises et des experts favorables à l’IA estiment que ces précautions pourraient ralentir l’innovation sur le continent.

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Intelligence artificielle : la course à la complexité © AFP/Archives Valentin Rakovsky

Trilingue jusqu’ici (anglais, japonais et coréen), Bard peut désormais s’exprimer dans une quarantaine de langues dont l’arabe, l’allemand, le chinois, l’espagnol, le français et l’hindi, selon Google. Il pourra énoncer ses réponses à l’oral, adapter le style de ses réponses dans un langage professionnel ou informel, ou extraire des informations à partir d’une image. Enfin, il sera possible de poursuivre d’anciennes conversations avec l’intelligence artificielle, une fonctionnalité déjà disponible sur ChatGPT.

Les robots conversationnels, présentés comme une option alternative à la recherche en ligne traditionnelle, ont connu un succès fulgurant depuis la sortie de ChatGPT en novembre 2022. Celui-ci est même intégré à certains outils du géant américain Microsoft, dont le moteur de recherche Bing. Pour rester dans la course, Google a dû accélérer ses propres annonces dans l’IA et a notamment présenté en mai son nouveau modèle de langage baptisé PaLM 2, qu’il compte utiliser dans son moteur de recherche et sa suite de services en ligne (Maps, Gmail, Docs). Les deux concurrents, suivis par une flopée de start-up, rivalisent à coup d’annonces dans un but affiché : que leurs plateformes dotées de l’IA générative deviennent les assistants personnels privilégiés du grand public, mais aussi des entreprises.

Le marché global de l’IA générative (incluant la génération de textes et d’images) pourrait ainsi générer 67 milliards de dollars de recettes en 2023, dix fois plus avant la fin de la décennie, selon Bloomberg Intelligence et le cabinet d’études IDC. Ces robots, qui fonctionnent de manière statistique à partir d’un gigantesque corpus d’apprentissage, ont toutefois tendance à se tromper régulièrement, faute de capacités de raisonnement. Bard est ainsi présenté comme un « outil créatif », « expérimental », qui « peut afficher des informations inexactes ou choquantes ». Un avertissement également présent chez son concurrent. Leur modèle économique est encore incertain, entre gratuité pour Bard ou Bing AI, fonctionnalités payantes pour ChatGPT ou accès par abonnement, tandis que leurs coûts de fonctionnement sont bien plus élevés que pour un moteur de recherche traditionnel.