L’UE est prête à déployer tous les outils de sa nouvelle législation pour forcer les géants technologiques à « changer leur comportement » en termes de concurrence déloyale, a assuré, dans un entretien, la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager.

Six champions de la tech — les Américains Alphabet (Google), Amazon, Apple, Meta (Facebook, Instagram) et Microsoft, ainsi que le chinois ByteDance, propriétaire de TikTok — doivent se mettre en conformité avec le nouveau règlement européen sur les marchés numériques (DMA), qui entre jeudi pleinement en application.

« Ce que nous attendons des +contrôleurs d’accès+, c’est un changement de comportement », explique Margrethe Vestager, vice-présidente de l’exécutif européen.

Certes, la responsable danoise reconnaît que ces entreprises ne pourront pas respecter immédiatement la totalité des dispositions prévues dans ce texte visant à contrer les abus de position dominante. Mais les utilisateurs européens devraient constater dès à présent une série de modifications très concrètes, par exemple un choix accru pour les navigateurs Internet et moteurs de recherche, alors que chaque groupe privilégiait jusqu’à présent ses propres solutions.

« Nous verrons (pour certaines mesures) une mise en conformité totale de la part de certains groupes, mais je pense qu’il y aura des cas de non-respect » des nouvelles règles, observe-t-elle.

Gendarme de la concurrence dans l’UE, la Commission se voit dotée par le DMA d’un important pouvoir de contrôle et de sanctions, avec des amendes pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du contrevenant, voire 20 % en cas de récidive, avec la menace d’un démantèlement en dernier recours.

« Si vous regardez notre historique, nous avons montré que nous recourrons à tous les outils à notre disposition », a insisté Mme Vestager, en charge de la concurrence depuis 2014, dans son bureau au 12e étage du siège de la Commission.

Dernier en date de ses faits d’arme : Bruxelles a infligé lundi à Apple une amende de 1,84 milliard d’euros pour avoir empêché ses utilisateurs de s’informer sur les offres concurrentes de streaming musical. « Nous ne sommes pas là pour démanteler des entreprises ou pour vous infliger de lourdes amendes ! Nous sommes là pour faire pression en faveur du respect des règles », rappelle la commissaire.