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Des skieurs s’entraînent sur de la « neige stockée », tombée plus tôt pendant les mois d’hiver, à la station de ski de La Bresse-Honeck, dans les Vosges, le 30 décembre 2023 © AFP/Archives Sébastien Bozon

De la pluie quasi partout, mais des températures souvent printanières avant l’heure : après un automne record, l’hiver 2023-2024 est le 3e le plus chaud jamais mesuré en France et se conclut par un mois de février excessivement doux, nouveau signe du réchauffement climatique. Entre début décembre et fin février, période traditionnellement la plus froide de l’année, le mercure devrait dépasser « d’environ 2 degrés » les normales de la période 1991-2020, derrière les hivers 2020 (+2,3 °C) et 2016 (+2,1 °C), a annoncé jeudi Météo-France.

C’est la sixième année consécutive que les températures sur les trois mois d’hiver sont plus chaudes que les moyennes des trois dernières décennies, d’au moins 0,8 °C. Il faut remonter à l’hiver 2017-2018 (+0,1 °C) pour trouver des températures proches des normales de saison, a précisé Météo-France. Avec une anomalie thermique de +3,6 degrés, février 2024 est lui le deuxième mois de février le plus chaud de l’histoire après 1990 (+4 °C par rapport aux moyennes 1991-2020). 

C’est aussi le 25e mois d’affilée à ne pas passer sous les normales, autre signe que ces normes évoluent à la hausse sous l’effet du réchauffement climatique. 

Hivers toujours plus courts 

Ces observations sont d’autant plus notables que les normales sont, en météorologie, calculées à partir des températures des trois décennies précédentes, elles-mêmes déjà plus chaudes que le climat de l’ère pré-industrielle.  

En France, le climat est considéré comme étant déjà au moins 1,7 °C plus chaud qu’avant l’impact des émissions massives de gaz à effet de serre par l’humanité. À l’échelle de la planète aussi, le thermomètre n’en finit pas de battre des records : janvier a ainsi été le 8e mois d’affilée à être le plus chaud jamais enregistré dans le monde, selon l’observatoire européen Copernicus. Pour Météo-France, cette hausse des températures, conséquence du changement climatique, entraîne un raccourcissement de la saison hivernale ».

« Nos  hivers sont moins froids qu’auparavant, les gelées durables et la neige en plaine deviennent de plus en plus rares », souligne l’organisme de prévisions météorologiques dans un communiqué. Signe emblématique : depuis début décembre, seule la période du 7 au 20 janvier a été caractérisée par un épisode véritablement hivernal, qui paradoxalement a un peu surpris tout le monde après un début d’hiver assez doux. Des températures glaciales avaient touché le nord de la France (-14,7 °C relevés à Arras par exemple) et la neige, tombée en plaine, avait très fortement perturbé la circulation à plusieurs endroits. Mais depuis le 23 janvier, le thermomètre est reparti à la hausse. Des pics de douceur ont été atteints avec des températures moyennes plus de 6 °C au-dessus des normales. La barre des 25 °C (seuil de chaleur) a été franchie le jeudi 25 janvier, dans les Pyrénées-Orientales et dans l’Hérault. Selon la Chaine Météo, jamais depuis 1930 une première quinzaine de février n’avait été aussi chaude. Cette séquence de douceur s’est poursuivie jusqu’au 22 février. L’hiver 2023-24 a été le plus chaud jamais enregistré en Alsace depuis 1947 et en Corse il se classe ex-aequo avec l’hiver 2020, indique Météo-France — De la pluie mais pas de neige — malgré tout, dans certaines parties du pays, notamment au nord, c’est tout de même l’impression d’un « hiver pourri » qui domine dans beaucoup d’esprits.  

La faute à un manque de soleil marqué et à des séquences de pluies marquées et persistantes dans certaines régions. Le Pas-de-Calais a ainsi été frappé par plusieurs inondations majeures, et la région PACA a aussi connu deux épisodes de précipitations intenses en février. Sur l’ensemble de l’hiver, la France a enregistré un excédent de pluie d’environ 10 % en moyenne. Une relative bonne nouvelle pour les nappes phréatiques, dont la situation reste néanmoins précaire, après de longs mois de sécheresse quasi-ininterrompue.  

Dans certaines régions, elle reste même dramatique. Ainsi, les Pyrénées-Orientales et l’ensemble de la région Languedoc-Roussillon, qui enregistrent leur 3e hiver fortement déficitaire en termes de précipitations, ainsi que la Corse n’ont quasiment pas vu une goutte de pluie tomber cet hiver. À l’inverse, l’excédent de pluies dépasse les 20 % en Île-de-France et les Hauts-de-France. À Dunkerque et à Nice, il est même supérieur à 50%.  

Côté soleil, les régions du centre ouest au bassin parisien et aux Ardennes font grise mine. Le déficit d’ensoleillement y a atteint les 10 à 30 %. Les flocons ont été quasi absents en basse et moyenne montagne (Vosges, Jura, Massif central, Corse et Pyrénées).