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Truffe d’un chat © Wikimedia Commons/P. Fernandes

L’Académie vétérinaire a publié mardi un avis sur la sensibilité des espèces animales au SARS-CoV-2, invitant à intensifier les recherches sur les possibles mutations du virus et sa transmission à l’espèce humaine. Un avis qui fait le point sur l’état des connaissances des espèces animales sensibles ou non au virus de la Covid-19.

Si l’origine de l’émergence du SARS-CoV-2 en décembre 2019 à Wuhan a été identifiée (coronavirus RaTG13 de la chauve-souris), l’hôte intermédiaire ayant pu jouer le rôle de vecteur reste incertaine, l’hypothèse du pangolin n’ayant pas été formellement démontrée. Dans les conditions naturelles, l’infection par le SARS-CoV-2 a été observée avec des signes cliniques mineurs chez des chats et des chiens contaminés par leurs propriétaires dans de nombreux pays dont la France. Dans des conditions expérimentales, les chats, les chiens et les furets ont confirmé leur sensibilité, ainsi que la possibilité d’une re-contamination par contact d’animaux témoins chez le chat et surtout chez le furet. Les porcs et les volailles s’avèrent résistants à toute inoculation par le SARS-CoV-2 et les bovins sont très faiblement sensibles.

Au laboratoire, le hamster doré, le lapin et le macaque rhésus sont sensibles au SARS-CoV-2 alors que les souris et les rats de laboratoire sont résistants. Parmi les animaux de la faune sauvage, la contamination de félidés en captivité (tigres, lions, puma) a été rapportée. Expérimentalement, la souris sylvestre s’est révélée sensible au SARS-CoV-2 de même que des chauves-souris européennes (roussettes).

Les chiens viverrins, présents à l’état sauvage en Europe où ils sont considérés comme nuisibles, sont très sensibles au SARS-CoV-2 et pourraient être des hôtes intermédiaires potentiellement impliqués dans la propagation de la Covid-19.

Le cas des visons

Enfin, les visons, très sensibles à l’infection, se contaminent rapidement dans les élevages où la forte densité animale en milieu clos favorise la production d’aérosols infectants et la propagation rapide du virus entre les animaux, voire au personnel d’élevage. Dès le mois d’avril, les Pays-Bas ont annoncé les premières contaminations de fermes de visons par le SARS-CoV-2, puis la possibilité d’une transmission de l’animal vers l’Homme. Le nombre de fermes infectées n’a cessé de progresser sans que l’on connaisse l’origine exacte des contaminations. Sept autres pays ont déclaré l’infection par le SARS-CoV-2 dans des élevages de visons (Espagne, États-Unis, Danemark, Italie, Suède, Grèce et tout récemment la France). 

Premier producteur mondial de visons avec 1138 fermes, le Danemark a déclenché une alarme le 4 novembre en annonçant qu’il abattait tous les troupeaux de visons du pays pour empêcher la dissémination d’un SARS-CoV-2 mutant (dénommé DFVI-spike) ayant franchi la barrière d’espèce en contaminant l’Homme. Le risque principal lié à cette mutation était de compromettre la protection vaccinale escomptée des vaccins actuellement en cours de développement. Bien que les informations disponibles au Danemark et aux Pays-Bas ne démontrent pas un risque accru de contagiosité par ce mutant, même si des incertitudes subsistent, tous les cas n’étant pas détectés ni tous les virus séquencés, le principe de précaution a prévalu.