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Un patient présentant des symptômes du coronavirus est porté sur un brancard avant son transfert pour un hôpital par voie fluviale, à Melgaço (Brésil), le 10 juin 2020 © AFP Tarso Sarraf

Soixante-dix mille morts en Amérique latine et aux Caraïbes, et deux millions de personnes contaminées aux États-Unis : la pandémie de coronavirus a franchi de nouveaux seuils sur le continent américain dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que l’Europe envisage d’ouvrir ses frontières extérieures en juillet.

Sur près de 1,5 million de personnes contaminées dans l’aire allant du Mexique à la Terre de Feu en passant par les îles des Caraïbes, 71 104 sont mortes, dont près de 40 000 au Brésil, le troisième pays le plus endeuillé au monde. Sao Paulo, la capitale économique du Brésil, a rouvert partiellement ses commerces ce mercredi. Dans le centre commerçant, presque tous les passants portaient des masques, mais sans respecter la distanciation sociale, a constaté l’AFP. Et les centres commerciaux de la mégapole devraient rouvrir jeudi, à la veille de la Fête des Amoureux (la Saint-Valentin brésilienne). À Rio de Janeiro, deuxième ville la plus peuplée du pays et principale destination touristique, le maire Marcelo Crivella a confirmé l’ouverture des centres commerciaux jeudi, avec certaines restrictions. Plusieurs experts jugent l’ouverture des magasins hâtive, la courbe de la pandémie continuant à monter dans le pays.

Le Mexique, deuxième pays latino-américain le plus endeuillé, a dépassé mercredi le seuil des 15 000 décès, et a connu son nombre le plus élevé de contaminations en 24 heures (4 833), pour un total de 129 184 cas. Idem pour le Panama, pays d’Amérique centrale le plus touché, avec également un record national (656 nouveaux cas, total : 17 884). Au Pérou, deuxième pays de la région en termes de contaminations (plus de 200 000), une bonne nouvelle est arrivée du côté du commerce international : ses exportations de gingembre ont presque triplé au premier trimestre, car il est utilisé comme médicament pour les affections respiratoires liées au coronavirus. 

Récessions

Dans le monde, le Covid-19 a fait plus de 414 000 morts, et infecté plus de 7,3 millions de personnes. Tous ces chiffres officiels sont sans doute inférieurs à la réalité, selon la communauté scientifique. Les États-Unis sont le pays le plus touché, et de loin : ils ont passé dans la nuit de mercredi à jeudi le cap des 2 millions de personnes infectées, et déplorent 112 900 morts. Le pays continue à enregistrer autour de 20 000 nouveaux cas de coronavirus chaque jour, et peine à redescendre de ce plateau, car une partie du pays a pris le relais de l’autre. Les plages de Miami ont néanmoins rouvert mercredi après avoir été fermées presque trois mois. À l’entrée de la plage, un groupe d’« ambassadeurs » de la ville, repérables à leurs t-shirts roses, rappellent toutefois aux visiteurs qu’ils doivent porter un masque et garder leurs distances.

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Nombre de morts liés au coronavirus officiellement annoncés par pays, au 10 juin à 19h GMT © AFP Simon Malfatto

Réputée pour ses bâtiments art déco aux couleurs pastel et sa vie nocturne, Miami Beach commence doucement à reprendre vie, après des mois de fermeture forcée, au plus fort de sa haute saison (de janvier à avril). Mais il faudra du temps avant que ne reviennent les sept millions de touristes que Miami Beach recevait chaque année. Plus globalement, l’économie américaine va connaître une récession de 6,5 % cette année, selon les nouvelles estimations de la Banque centrale (Fed) publiées mercredi. Elle s’attend par ailleurs à un taux de chômage de 9,3 % en 2020 et de 6,5 % en 2021. Au niveau mondial, la récession sera d’au moins 6 %, selon l’OCDE.

« À la fin de 2021, la perte de revenu dépassera celle de toutes les récessions précédentes au cours des cent dernières années sauf en période de guerre, avec des conséquences terribles et durables pour les populations, les entreprises et les gouvernements », a affirmé mercredi la chef économiste de l’OCDE, Laurence Boone.

 Tour Eiffel le 25 juin

En Europe, où les nouvelles hospitalisations et les chiffres des décès sont en chute libre, la Commission européenne va publier dans la semaine ses propositions pour une levée « progressive et partielle » des restrictions de voyages aux frontières extérieures de l’UE à partir du 1er juillet.

Il s’agirait de lever les restrictions avec certains pays tiers en prenant en compte « un certain nombre de principes et de critères » et en se basant sur une « approche commune » entre États membres, a annoncé mercredi le vice-président Josep Borrell. L’exécutif européen ne peut émettre qu’un avis, la décision finale appartient à chaque Etat membre. Le déconfinement se poursuit sur le Vieux Continent.

À Paris, la tour Eiffel rouvrira le 25 juin avec port du masque obligatoire et montée uniquement par les escaliers, avec un nombre de visiteurs limité. En Espagne, qui a enregistré plus de 27 000 décès, le Championnat de football reprend mercredi, après trois mois d’interruption. Dans ce pays, le masque restera néanmoins obligatoire sous peine d’amende. Un hôpital de Bilbao, dans le nord de l’Espagne, a annoncé mercredi que ses 4 500 employés passeraient des tests de dépistage après le décès d’un patient infecté et la détection de 25 cas entre ses murs.

 Plaintes en Italie 

Critiqué pour le bilan très lourd au Royaume-Uni et pour les ratés du déconfinement, le Premier ministre Boris Johnson a vanté mercredi les efforts « incroyables » de son pays. Il a cité « la réussite incroyable » du service public de santé (NHS) qui a construit en urgence des hôpitaux de campagne – qui n’ont finalement pratiquement pas été utilisés –, ou la manière « incroyable » dont le pays s’est mobilisé pour permettre « d’avoir le virus sous contrôle ». En Italie, des familles et proches de victimes du nouveau coronavirus ont déposé une cinquantaine de plaintes mercredi au parquet de Bergame, première action en justice du genre dans la péninsule où l’épidémie a fait près de 34 000 morts. Mercredi, dans le cadre d’une autre enquête de justice sur la gestion de la pandémie, le parquet a demandé à entendre le Premier ministre Giuseppe Conte et deux de ses ministres.