Ceux qui n’ont pas froid aux yeux vont se régaler ! Nous allons jouer avec une rose et de l’azote liquide.
Notre air est composé d’oxygène mais surtout de 79 % d’azote. De même que l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux quand elle atteint 100°, l’azote lui bout à -196 °C. Surprenant mais c’est comme ça !
Ainsi, tout ce que je plongerai dans ce pot aura à terme la température de -196°. Vous avez sûrement remarqué qu’en l’hiver, les objets en plastique étaient plus cassant, le froid augmentant la raideur de la matière. En plongeant cette rose, ces doux pétales deviendront aussi fragiles que du verre.
Pour prendre la photographie au bon moment, je vais utiliser une fois de plus la technique de l’open-flash, qui consiste à se plonger dans le noir et à déclencher un coup de flash au moment opportun. Cette fois-ci, je vais utiliser un capteur de vibration, constituer d’une petite bille d’acier qui ouvre et ferme un contact électrique. Je vais le brider sur la vitre sur laquelle je vais écraser la rose préalablement refroidie.
La rose est maintenant bien gelée, je vais pouvoir me plonger dans le noir et ouvrir l’obturateur de l’appareil photo. Je vais devoir l’écraser rapidement pour éviter que l’humidité de l’air ne givre, ce qui altérerait le rouge de la fleur.
C’est ainsi que j’ai pu capter cette image. Une main gantée de noir, un flash décalé sur le côté pour ne pas voir le reflet de l’éclair. Nous pouvons voir la section des pétales de roses ainsi que des gouttelettes d’azote encore liquides qui s’échappent des replis. Il nous fallait bien une approche rigoureuse pour capter ce dramatique instant.
Et alors ?
C’est comme si la rationalité pouvait se retourner contre nous. Ceux qui prennent leurs décisions sur ce seul critère affirment que nos émotions nous affaiblissent. Mais ce comportement froid, niant notre humanité, nous rend cassant et augmente d’autant plus notre « fragilité ».
Et vous, qu’imaginez-vous ?