EPISODE 3 «Des chercheurs pêcheurs d’eau»
Avant d’atteindre sa destination australe, le Marion Dufresne trace son chemin en plein océan indien. Un itinéraire qui intéresse particulièrement l’équipe du programme OISO, pour « Océan Indien service d’observation ».
Depuis 20 ans, des chercheurs embarquent chaque année sur le Marion Dufresne, pour relever les concentrations de dioxyde de carbone entre le sud de l’océan indien et l’océan austral. Leur but est de comprendre comment varient les échanges air-mer de CO2, et d’estimer l’impact du changement climatique.
La chercheuse Claire Lo Monaco supervise l’échantillonnage du CO2, épaulée par deux autres membres de son équipe. Ils se relaient 24h/24 afin d’effectuer des mesures en continue.
ITW Stéphane Blain : 00505 16’33 « l’intérêt pour nous c’est de tester le matériel, ce qui n’est pas de trop dans la mission soclim… »
DCar durant toute la campagne, les scientifiques vont échantillonner l’océan, du fond jusqu’à la surface. Tout l’équipage est mobilisé pour la première descente de l’imposante Rosette.
ITW Stéphane Blain : « L’idée de la Rosette, c’est de pouvoir prélever de l’eau à différentes profondeurs, donc ça se fait avec des bouteilles qui sont installées sur un grand cadre circulaire, il y en a 24, elles ont un volume d’eau de 12 litres. »
Une fois remplie, le dispositif pèse environ une demie tonne. Et pour la mission SOCLIM. Mais le Marion Dufresne rend cette manipulation risquée, car la hauteur du bateau fait courir le risque que la sonde percute la coque lors de sa descente.
ITW Charles Cayeux : « Les scientifiques ils arrivent avec leurs idées qu’ils ont élaboré dans leur laboratoire et après il faut les mettre en place à bord donc c’est pas pareil, le bateau bouge, il y a la météo, il y a tout plein de paramètres qu’il faut prendre en compte et du coup on se met d’accord sur la méthode de mise à l’eau. »
Une partie de l’équipe s’installe au PC scientifique pour piloter l’échantillonnage. Le commandant s’assure quand à lui que le bateau est positionné sur le point GPS demandé par le chef de mission, et stabilise le navire en fonction des mouvements de houle subis par le bateau.
Les appareils de mesure fixés sur la Rosette ont été développés préparés spécialement pour la mission SOCLIM, par un laboratoire du CNRS auquel appartient Fabien Perault.
ITW Fabien Pérault : « Ce qui peut être risqué c’est que les instruments ne marchent pas, mais on a eu largement le temps de les tester avant donc normalement il y a tout qui marche ! »
ITW Fabien Pérault : « Bah là on se rend compte qu’elle peut-être un peu légère, et le câble rappelle sur des petits coups de houle, alors qu’il y a temps calme… Il va peut-être falloir la lester pour les gros temps…
ITW Fabien Pérault : « On a passé plusieurs jours semaines et mois avant la mission pour régler tout ça donc voilà ça marche très bien ! »
Mathieu est en liaison permanente avec l’équipage qui actionne le câble. A cet endroit, il y a un peu plus de 4600 m de fond.
ITW Stéphane Blain : « La descente jusqu’à 4600 mètres s’est bien passée, on voit quelques petites anomalies donc il faut qu’on vérifie si ce n’est pas des petits problèmes de capteur donc là on a commencé à remonter, on a commencé à fermer les premières bouteilles.
D’après les informations transmises en directe par la sonde, Mathieu dispose déjà d’un aperçu de ce à quoi ressemble l’océan indien, à l’endroit où stationne le navire.
ITW Mathieu Rambauville Rembauville : « On observe différentes couches dans l’océan, on a une couche de surface qui va être plutôt chaude, dans laquelle on va retrouver le phytoplancton. Concrètement en surface là on a une eau à 20°, et ça diminue progressivement jusqu’à 200 mètres où elle est à 15°, et puis à 1000 mètres on a plus que 5 °. »
L’océan n’est pas homogène, il se présente comme un empilement de couches. Ces couches ont des propriétés physiques et chimiques différentes, et se mélangent très peu. Tout en bas se trouvent les eaux les plus denses, froides et très salées, et au sommet, les eaux dilatées par la chaleurréchauffées par ledu soleil.
La vie foisonne dans les 200 premiers mètres, et se réduit drastiquement en l’absence de rayonnement lumineux. Mais les eaux profondes sont une réserve de nutriments, et les courants capables de les faire remonter sont indispensables à l’écosystème marin.
Les scientifiques vont sonder l’océan de cette manière à de multiples reprises durant toute la campagne. Une grande part des résultats de la mission SOCLIM reposera sur les échantillons remontés à bord grâce à la Rosette.
Lors d’une journée de transit, Le personnel naviguant a organisé la visite des machines du Marion Dufresne, les scientifiques répondent présents, car ce sont’est lun des lieux les plus inaccessibles du bateau. Sur le Marion Dufresne II, tout juste sorti de jouvence,Ici deux moteurs électriques alimentés par des générateurs diesel propulsent le bateau à la vitesse maximale de 16 nœuds, environ 30 kilomètre/heure.