Bruno Falissard, Pédopsychiatre
-Les adolescents et même les adultes se demandent régulièrement s'ils ont une maladie mentale, s'ils ne sont pas normaux, s'ils sont malades, fous, ce qui différencie un fou de quelqu'un de normal, etc.
En termes médicaux, c'est très simple.
Il faut définir le malade psychiatrique avant de définir une maladie psychiatrique, parce que les deux ne sont pas à mettre tout à fait en parallèle.
Le malade psychiatrique se lève un matin et se dit : "Ça ne va pas.
Je n'arrive pas à vivre ma vie.
J'ai peur des autres. Je suis triste.
Je me sens agressé par des choses.
Je ne me sens pas bien et ça a à voir avec ce qui se passe dans ma tête." Ça arrive à tout le monde mais chez certains, ça leur arrive tellement fort qu'ils ont besoin d'une aide professionnelle.
C'est la définition d'un malade psychiatrique, il a besoin de demander l'aide d'un professionnel à cause de ce qui se passe dans sa tête.
Le malade, c'est lié à la plainte.
La maladie, c'est quelque chose d'autre, c'est une construction.
Les médecins qui sont dans leur cabinet reçoivent des patients qui ne vont pas bien et ils s'en occupent.
Au fil des décennies ou des siècles, ces médecins se sont rendu compte que certains patients se ressemblaient.
Ils ont décidé de mettre un nom sur ce groupe de patients similaires.
Ils vont appeler ça des mélancoliques, des hystériques, on en parlait chez les Grecs.
Et puis les noms sont restés, ils se sont un peu modifiés au fur et à mesure que les médecins se sont mis d'accord pour séparer un groupe de patients.
On a les mots "dépression", "anxiété", "schizophrénie", "autisme", "troubles obsessionnels compulsifs", et dans vingt ans, les mots auront changé, comme ils ont déjà changé.
La maladie est une construction, généralement des médecins.
Ça leur permet d'échanger entre eux, d'écrire des livres sur ce qu'ils voient, et de le communiquer aux autres.
Ça n'a pas vraiment de réalité, c'est le malade qui a une réalité.