Miroslav Radman
Biologiste moléculaire Université René-Descartes
-L'ADN est une molécule très longue, d'environ un mètre et demi dans chacune de nos cellules, et évidemment extrêmement fine, dix angströms seulement.
Comme un fil très fin, très long et physiquement fragile.
Donc l'ADN se casse.
Quand il se casse, on doit retrouver les deux bouts pour ne pas perdre du texte, parce que l'ADN est un texte génétique.
Il ne faut pas qu'il y ait de pertes, sinon il y aura des conséquences.
C'est un peu comme si on arrachait une page dans un gros livre et qu'on la perdait.
La seule façon de reconstituer le texte, c'est d'aller chercher un livre identique, de copier la page et de la remettre.
La réparation des cassures de l'ADN se fait de cette façon-là.
Il faut une matrice, une autre molécule, qui soit identique, sur laquelle les bouts cassés vont se coller.
Une machine à copier va copier la molécule intacte donatrice d'informations.
Une fois copiée, on la retire.
Ce processus s'appelle la recombinaison génétique parce que, finalement, ce qu'on va copier sur l'autre molécule sera transféré, incorporé dans la molécule cassée.
S'il y a une mutation dans la molécule intacte, partenaire, cette mutation sera, par copie, transférée dans la molécule cassée par sa réparation.
Ce processus demande donc une quantité de protéines qu'on utilise pour aligner le texte physiquement, copier et dire : "Merci beaucoup, on se sépare maintenant." Tout se fait par des protéines spécialisées, des protéines de la recombinaison génétique.