Laurent Mottron, professeur de neurosciences cognitives, université de Montréal.

-Les autistes manifestent un plus grand intérêt pour des aspects "non sociaux" de leur entourage.

Là où un enfant typique va passer une bonne partie de son temps à répondre à des sollicitations ou à solliciter l'entourage et à avoir des émotions positives quand on s'adresse à lui, l'autiste va passer plus de temps et éprouver plus d'émotions face à des aspects non sociaux de l'entourage, aspects mécaniques : reconnaître des formes, grouper des formes ensemble, s'exposer à certains sons voire produire certains sons.

Ils vont utiliser et traiter le langage de façon significative beaucoup plus tard que l'âge auquel ils sont capables, par exemple, de mémoriser une phrase.

De la même façon, leur capacité avec les stimuli visuels fait qu'ils peuvent reconnaître les formes des lettres, voire d'associer très bien, et plus vite qu'un enfant typique, une lettre et un son.

Mais cette capacité de faire du décodage va être utilisée de façon significative plus tard que l'âge où ils sont capables de reconnaître les lettres.

L'"évitement du regard" des autistes, le fait qu'ils regardent le plus souvent à côté d'un visage, maintenant qu'on l'examine de plus près, on constate que ça peut se réduire à une détection rapide des visages, des saccades oculaires très rapides pour les visages, puis retour à des choses non sociales.

Les marqueurs d'émotions positives ou négatives chez les autistes sont très différents de ceux des enfants typiques.

Dans le groupe de Montréal, on considère que les émotions positives chez un enfant autiste, ce sera le "hand flapping", et les émotions négatives, ce sera les gestes automutilatoires.

Mais ce n'est pas forcément tellement plus pathologique ou tellement plus douloureux que le fait qu'un enfant typique rie quand il est content et fasse une grimace quand il est mécontent.