Éric Hamounou Journaliste scientifique
-Dans les années 1750, on croyait que la digestion était le résultat d'un processus mécanique.
Les dents broyaient et les muscles des viscères malaxaient les aliments pour les transformer en bouillie.
Mais certains biologistes, dont Réaumur ou Spallanzani, ont réalisé que certains animaux n'avaient ni dents pour broyer les aliments ni muscles sur l'estomac pour les malaxer, mais qu'ils arrivaient à transformer les aliments en bouillie.
Ils ont imaginé que le liquide contenu dans leur estomac pouvait dissoudre les aliments et ont fait des expériences pour le prouver.
Nous allons reproduire cette expérience.
J'ai pris un estomac de lapin, que je vais ouvrir.
L'estomac a une partie molle et une partie dure.
On va ouvrir la partie molle, qui se trouve en bas.
Je vide mon estomac dans un tissu.
Je vais presser ce contenu pour récupérer le liquide qui imbibe la bouillie.
On a assez de liquide pour remplir deux tubes à essai parce que je vais faire deux expériences avec deux aliments.
Et un second tube...
J'ai préparé des lamelles de poulet.
Je vais en mettre quelques-unes, deux ou trois.
Je vais mettre des miettes, des filaments de mie de pain que je vais plonger dans le second tube à essai.
Voilà.
Je mets ces tubes à essai près d'une source de chaleur.
Dans trois jours, je verrai si le liquide stomacal a eu un effet sur les aliments.
On avait le tube à essai avec de la mie de pain et celui avec le poulet.
Premier tube à essai, je vide celui qui contenait la mie de pain.
On voit clairement que le liquide stomacal a eu un effet, puisqu'il ne reste plus rien.
Vérifions si le liquide a eu un effet sur le poulet.
Je verse le contenu du tube à essai.
Contrairement à tout à l'heure, il reste des morceaux de poulet.
Mais le poulet s'est dégradé, il est devenu noir, et il est beaucoup plus facile à déliter.
Le liquide a eu un effet partiel sur l'intégrité de la viande.
Vraisemblablement, il aurait fallu laisser plus longtemps la viande dans le liquide pour que l'effet soit total.
L'expérience qu'on vient de réaliser est une expérience de digestion in vitro, donc dans des tubes à essai.
La première digestion in vitro de l'histoire a été réalisée par l'Italien Spallanzani en 1750.
Il avait réalisé l'expérience, non pas avec du liquide gastrique de lapin, mais avec son propre liquide gastrique en se faisant vomir.
Il avait simulé la température corporelle en plaçant les éprouvettes sous ses aisselles pendant trois jours.