S’il y a des choses que l’on rate parce que cela va trop vite, il y a aussi des choses que l’on rate parce que cela va trop lentement, par exemple le caramel. Sa cuisson dure près de quinze minutes. Et pourtant, combien de fois la mixture est-elle trop cuite ?
Nous allons étudier le phénomène avec un appareil photographique. Normal pour un ingénieur photographe.
Sa fonction intervallomètre sera réglée à deux secondes. C’est-à-dire qu’une photographie sera prise à intervalles de temps régulier.
L’appareil photo est cadré sur l’intérieur de la poêle, je n’ai plus qu’à lancer la fonction intervallomètre. Pour faire du caramel, il faut un apport de chaleur pour initier la réaction chimique. J’allume la plaque, et ensuite il n’y a plus qu’à verser l’eau. Mais regardons en direct les photos en train de se faire.
Les voici avec leur numéro et le temps écoulé depuis le début de l’expérience. Avec votre accord, nous allons accélérer le film ainsi reconstitué en postproduction. L’obtention du caramel demande plusieurs minutes pour que les morceaux de sucre ne se dissolvent puis que la mixture atteigne l’ébullition, ébullition qui dure… Accélérons encore… Ah trop tard !
Nous allons dépouiller les 500 photographies de manière à prendre du recul. Chaque photo sera découpée en 500 bandelettes.
De la première photo, je garde la bandelette de gauche, de la 250e, la bandelette du milieu, et de la dernière, la bandelette la plus à droite. On voit ainsi se composer sous nos yeux une chronophotographie. J’ai appelé ce procédé la fusion temporelle. Il nous permet de voir en images que le caramel arrive en quelques secondes après plus de 5 minutes d’ébullition stable.
Et alors ?
C’est comme s’il fallait accumuler les échecs pour gagner en sagesse… Est-ce pour cela que les grands-mères réussissent-elles le caramel plus souvent que moi ? Ou tout simplement qu’elles ont assimilé que « rien ne sert de courir, il faut partir à point » ? Quoi qu’il en soit, savoir et donc réussir n’est souvent que le fruit de l’expérience.
Et vous, qu’imaginez-vous ?