Va-t-il falloir choisir entre télécharger un film en 1 minute et savoir le temps qu’il fera demain ?
La cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile, ou 5G, s’annonce pour la fin de l’année. Mais elle est dans le collimateur d’un météorologue, Neil Jacob, qui n’est autre que le directeur de la NOAA, l'agence américaine responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère.
Il alerte les pouvoirs publics américains sur les risques d’interférences entre la technologie mobile et les fréquences utilisées par certains satellites météo.
Plus précisément, c’est la détection de la vapeur d’eau, paramètre extrêmement important en météorologie, qui pourrait subir un véritable brouillage.
En cause : une trop grande proximité entre les ondes électromagnétiques émises par l’humidité de l’air et celles qui pourraient être émises par les futures antennes relais.
Un problème également pris au très sérieux au sein de Météo France :
Eric ALLAIX – Coordinateur national des fréquences à Météo France
« C’est de l’observation, ça veut dire que les satellites observent une variation électromagnétique de très faible amplitude, et la moindre perturbation peut entrainer une information complètement erronée, qui peut aller dans un sens ou dans un autre. Càd qu’on pourrait très bien avoir des phénomènes cycloniques ou des ouragans qui ne sont pas détectés, ou avoir l’impression qu’un ouragan ou qu’un cyclone arrive alors qu’en fait ce n’est pas le cas. »
Voilà notamment pourquoi Le directeur de la NOAA est très inquiet, car l’une des grandes missions de son agence est justement de surveiller les évènements cycloniques extrêmes. Quant à l’Europe, elle a pris des mesures plus restrictives en matière de fréquences 5G, mais sans harmonisation globale, la fiabilité des prévisions météo pourrait tout de même fortement chuter.
Eric ALLAIX – Coordinateur national des fréquences à Météo France
« Ce qu’il faut savoir c’est que pour faire une prévision en Europe, on a souvent besoin des données qui sont observées dans d’autres parties du monde, souvent on parle de vents dominants qui sont des vents d’ouest, donc le fait de ne pas pouvoir détecter certains phénomènes météorologiques au-dessus des océans et au-dessus des états unis par exemple peut entrainer le fait que nous ne pourrons plus détecter et avoir des prévisions fiables en Europe.
Le deuxième phénomène, c’est un phénomène de plus long terme sur l’évolution du climat, nous avons pu emmagasiner des informations importantes depuis de longues années justement dans cette spécifique bande de fréquences de vapeur d’eau et le fait de ne plus pouvoir avoir la même base d’observations et bien remet en cause tout ce que nous avons fait aujourd’hui et peut impacter les prévisions futures. »
Les parties prenantes ont encore quelques mois pour trouver un terrain d’entente, car les attributions définitives des fréquences 5G seront entérinées lors de la prochaine conférence mondiale des radiocommunications, en novembre 2019.