Fini les rides du temps, adieu les imperfections, avec le masque Kachkine, redonnez à votre chef d'œuvre son éclat originel ! Kachkine, une solution de retouche nouvelle génération, plus rapide et plus abordable que les méthodes traditionnelles. Et non ce n’est pas une vraie pub, mais la méthode dont il est question existe bel et bien ! Elle a été présentée dans un article publié le 11 juin 2025 dans Nature et fait depuis le tour du monde. Cette nouvelle technique permet de reconstituer une œuvre en seulement 3 h 30. C’est 66 fois plus rapide que les procédés traditionnels, et qui dit moins de temps dit aussi moins d’argent ! Elle a été développée par Alex Kachkine, un ingénieur au MIT, collectionneur et restaurateur d’art. Le protocole suit plusieurs étapes :
d’abord, une numérisation complète de l’œuvre permet de détecter précisément les positions, formes et tailles des zones endommagées. Un masque numérique est ensuite élaboré dans Adobe Photoshop. À l’aide d’intelligence artificielle, les motifs et textures sont reconstitués dans le style de l’artiste d’origine. Ce masque est imprimé sur une feuille polymère bicouche puis appliqué sur la peinture, au-dessus d’un vernis, sans contact direct avec la couche picturale. Le procédé est bien réversible.
- La réversibilité est un mot très important en conservation restauration. Il faut qu'on puisse distinguer l'œuvre originale de notre intervention. Chaque retouche doit pouvoir être retirée, sans laisser de trace. Comme si de rien n’était.
- Cette technique n'intervient que pour la retouche donc c'est selon les cas entre un quart du travail et même un huitième des fois. L’intervention ne remplace pas l’ensemble du métier de conservation restauration, mais seulement sa dernière partie.
- Il y a la première partie qui est la conservation, refixer les écailles pour éviter que ça tombe. Quand le mur sur lequel est peint une peinture est altéré, c'est reprendre le mur, refaire des enduits. Ensuite vient la restauration qui est la cerise sur le gâteau. La partie restauration, c'est les détails, la cicatrice, la présentation. et ensuite seulement après on vient retoucher. Nous on aime toucher la matière, on aime toucher la toile, on aime toucher la peinture à l'huile. On aime toucher les fresques. C'est comme un menuisier. On est des artisans aussi.
Très éloignée des méthodes traditionnelles de retouche, cette technique présente des limites. Un travail de conservation et restauration en amont reste indispensable et le film appliqué sur l'œuvre lisse son aspect, modifiant notre expérience visuelle.
- Un tableau, c'est beau dans sa matière. Quand vous regardez la Joconde, il y a tout un réseau de fissures qui fait la vie aussi du tableau.
La technique n'est d’ailleurs pas adaptée à toutes les œuvres : les fresques ou les peintures très texturées, comme celles à relief impressionniste, ne sont pas compatibles. La méthode s’adresse uniquement à des peintures vernies, sur des supports rigides, et dont la surface est bien plane. Mais pour les œuvres qui remplissent ces conditions, c’est une alternative précieuse. Aujourd’hui, les méthodes de retouche traditionnelles sont tellement longues et coûteuses qu’on ne les réserve qu’aux œuvres les plus célèbres. Grâce à cette approche, on pourrait redonner de la visibilité à de nombreuses peintures jusque-là oubliées.