Jean-François Bach Immunologiste, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences
-Toutes les fonctions de l'organisme dépendent à la fois de la génétique et de l'environnement.
Le système immunitaire n'y échappe pas.
L'environnement peut modifier le fonctionnement du système immunitaire, mais il peut aussi être la cible de la réaction immunitaire.
Lorsqu'il y a certains produits ou molécules dans l'air que nous respirons ou l'eau que nous buvons, il peut y avoir des réactions contre ces produits.
Ce n'est pas très important, sauf dans le cas des allergies, où la réaction est dirigée contre des facteurs de l'environnement, des molécules de l'environnement.
Mais il y a un autre effet de l'environnement plus inattendu.
C'est le fait que, l'environnement infectieux étant plus restreint, il y a beaucoup moins d'agents infectieux dans notre entourage.
L'eau est plus propre, les aliments respectent la chaîne du froid.
Il y a des antibiotiques, des vaccins, etc.
Moins d'agents infectieux nous entourent, et paradoxalement, cela n'a pas que des effets favorables.
C'est utile, il faut continuer à avoir une bonne hygiène, mais ça peut avoir un effet défavorable parce qu'on sait que la diminution de l'environnement infectieux entraîne une augmentation de la fréquence des maladies auto-immunes, voire de certaines leucémies.
Comment ? Très simplement.
Le système immunitaire, qui n'est plus sollicité par l'environnement infectieux, cherche d'autres cibles et se retourne soit contre soi, ça donne des maladies auto-immunes, soit contre les allergènes et c'est la source d'allergies.
Cela explique l'augmentation considérable, d'un facteur 2 à 3, de la fréquence des maladies allergiques et auto-immunes dans les pays développés que l'on observe depuis vingt ans.