30 degrés aux mondiaux d’athlétisme de Doha. Ou encore 35 degrés lors des derniers Jeux olympiques de Tokyo. Partout dans le Monde, les sportifs font face à des températures exponentielles. Comment appréhendent-ils le réchauffement climatique ? Peuvent-ils éviter une baisse de leurs performances ? On vous éclaire !
Au Creps de Montpellier, ces 2 jeunes triathloniens se préparent à un entraînement très particulier … sous l’œil de Jonathan Rubio. Lui n’est pas coach mais chercheur. Sa mission ? Comprendre les effets de la chaleur sur la performance des sportifs.
‘’Il faut savoir qu’il y a une dégradation entre 10 et 20 % de la puissance quand on est en condition chaude et on a décidé de s’intéresser tout particulièrement à la préparation de ces athlètes pour affronter ces conditions très spécifiques’’
Avant la séance, les triathloniens sont équipés pour obtenir toute une série de mesures.
‘’La première qu’on va prendre en compte c’est la perte de masse corporelle, donc on va peser les athlètes avant et à la fin des séances. En plus de cela, on va mesurer la température interne. Donc ceci ce sont des capteurs cutanés, qu’on va positionner à 4 endroits différents du corps’’
Et dans le dos, ce patch, permettant de mesurer le taux de sodium dans la sueur.
‘’On rentre, on se fait 10 minutes’’
Leur terrain de jeu ? Cette salle thermique. En l’espace de 2 semaines, c’est la 11e fois qu’ils se prêtent à l’exercice.
‘’Comme c’est un test qui est long c’est fatiguant et avec la chaleur ça apporte une difficulté supplémentaire’’
C’est parti pour 1h d'entraînement à 38 degrés avec une humidité à 50 %. Une séance observée de près par leur coach … Depuis les JO de Tokyo, il acclimate à la chaleur ses athlètes, le plus tôt possible dans leur parcours.
‘’Ce qui va être intéressant avec les relevés data de se dire celui-ci il s’adapte bien, celui-ci il s’adapte moins bien, celui-ci attention à l’hydratation, celui-ci il y a beaucoup de transpiration, et ça permet quand même d’avoir des données très individualisées et on peut nous régulariser à l'entraînement’’
A l’intérieur, les sportifs sont en nage. Avec ces conditions, ils peuvent perdre jusqu’à 2 L de sueur. Ça tombe bien. Plus ils transpirent, plus cela signifie que leur corps s’acclimate à la chaleur.
‘’Les adaptations cellulaires au niveau métabolique vont se faire lorsqu’on atteint une température supérieure à 38,5 degrés. Ensuite, il faut que les athlètes transpirent, donc qu’on augmente leur temps de transpiration, comparé à un environnement neutre à 20 degrés par exemple’’
En suant plus, la chaleur se dissipe plus facilement. Résultat : la température du corps va alors descendre, ce qui limite la baisse de performance. Mais cette thermorégulation n’est pas aussi efficace chez tous les sportifs.
‘’Les individus ne réagissent pas de la même façon en fonction des disciplines pratiquées et même au sein de la même discipline. Simplement, au fil du stage, on peut récupérer cette perte de puissance jusqu’à la ramener pratiquement à 0 comme si je faisais un exercice à 19 ou 20 degrés de température’’
En 15 jours d'acclimatation, Gaspard a réussi à doubler son taux de sueur. Annouck, elle est passé seulement de 1 L à 1,3 L. Elle va devoir multiplier les séances.
‘’Je sais que l’objectif il est pas une fois dans une thermoroom, il est sur une compétition, et forcément qu’il y a des moments à l'entraînement où on est moins fort et ça fait partie du travail. Ça forge le corps et l’esprit.
Mais de bons résultats s’obtiennent à une condition … S’hydrater régulièrement. L’équation est simple. Boire permet de donner aux muscles le sodium et les minéraux perdus par la transpiration. Voilà pourquoi des urines sont prélevées quotidiennement pour conseiller les sportifs.
‘’C’est vrai qu’on a l’œil, des fois on est sur le bord du bassin, on se dit ‘’tiens, il est où ton bidon ? Ah je l’ai pas pris’’. On cherche une solution parce que nager pendant 1h30 et ne pas s’hydrater c’est une fondamentale erreur, qu’on ne paye pas de suite mais qu’on va payer au fil de la journée ou le lendemain’’
Mais les corps ne conservent pas en mémoire l’adaptation sur le long therme. A l’approche d’une compétition, les athlètes devront donc revenir s'entraîner.
Et à l’avenir, les données seront pour eux encore plus précises grâce à ce capteur de sueur. Ce doctorant évalue actuellement son efficacité.
‘’Actuellement on a une donnée avant et après l’effort et ce capteur va nous donner des informations pendant l’effort. Et nous ça nous intéresse parce qu’on va voir si l’échauffement que l’on met en place, est-ce qu’il va induire des pertes en sodium trop importantes, par rapport au reste de l’effort. Donc on va devoir modifier notre échauffement’’
Aujourd’hui, le réchauffement climatique s’invite même dans les protocoles des fédérations internationales. Décalage de l’heure d’une compétition, instauration des pauses plus importantes voir annulation de certaines évènements … Autant de mesures nécessaires face à des corps qui ne pourront pas s’acclimater à l’infini.