René Dumont - Le développement agricole

En 1929, René Dumont, agronome tropical de formation, reçoit sa première affectation au Tonkin afin de suivre des expérimentations sur l’efficacité des engrais. Rapidement, il élargit son travail au-delà du champ habituel de l’agronomie de cette époque, centré sur l’utilisation des engrais et des machines, et s’intéresse aux pratiques locales de production de riz. Il développe un modèle original situant la production agricole dans un cadre global, incluant les pratiques et le mode de vie des populations. Cette conception d’une agronomie pluridisciplinaire associe les aspects sociaux et géographiques aux dimensions techniques de l’agriculture. Il applique ce modèle à l’analyse des problèmes de l’agriculture française en participant activement à la révolution fourragère. Cette révolution prônait le remplacement des prairies permanentes traditionnelles par des prairies semées, et devait assurer un accroissement de la production fourragère. Tout ceci afin d'accroître la production animale, pour défendre les petits producteurs laitiers par exemple. Il étend ensuite son analyse aux paysans des pays du tiers monde et il s’attaque alors aux problèmes de développement de ces pays. Il dénonce les méfaits du productivisme en agriculture et souligne notamment le déséquilibre entre une agriculture qui produit trop peu en Afrique, et en excès en Europe, où elle détruit l’environnement. Alors ? Que faut-il en retenir ? En s’appuyant sur la connaissance du terrain, René Dumont anticipe les grandes questions posées à l’agriculture d’aujourd’hui, à savoir nourrir l’humanité tout en préservant l’avenir de la planète. Le 19 avril 1974, le grand public découvre René Dumont, candidat écologiste à la présidence de la république qui termine son intervention à la télévision en buvant un verre d’eau tout en affirmant qu’il s’agit d’un bien précieux qui sera bientôt rare si rien ne change dans nos modes de vie.