On en mange, on en respire… et maintenant, on en a plein le cerveau! Et oui, on parle bien de plastique. Plus exactement, de micro et de nano plastiques (ou NMP). Début février, une étude publiée dans Nature Medicine révélait les quantités alarmantes de NMP dans nos cerveaux. L’équivalent, ... d’une petite cuillère en plastique! Il ne faut pas oublier qu’à l’origine on parle de minuscules particules. Celles observées mesurent moins de 200 nanomètres, bien plus petites encore que l’épaisseur d’un seul cheveu. Les chercheurs ont passé au microscope des échantillons de foie, de rein et de cerveau prélevés en 2016 et 2024. Ils ont examiné le cortex frontal, une région clé de notre cerveau responsable du jugement, du raisonnement, des mouvements volontaires comme de l'organisation du langage. Dans cette étude, trois grands résultats : Tout d’abord, les NMP se concentrent davantage dans le cerveau que dans d’autres organes. Ils y sont 7 à 30 fois plus nombreux! Il s’agit principalement de polyéthylène, le plastique le plus courant, utilisé pour les emballages et les bouteilles. Autre découverte : Entre 2016 et 2024, les niveaux de NMP dans le cerveau ont doublé. Un véritable miroir de l’augmentation exponentielle des microplastiques dans l’environnement Troisièmement, les niveaux de NMP sont 3 à 5 fois plus élevés chez les personnes atteintes de démence. Reste à savoir si la présence de microplastiques favorise ces maladies ou si c’est la démence qui facilite leur absorption. Mais comment ces particules arrivent-elles jusqu’au cerveau ? Les chercheurs pointent trois voies principales : l'alimentation, l’air que l’on respire et les lipides, qui faciliteraient le passage de la barrière hémato-encéphalique isolant notre cerveau. Pour limiter son exposition aux polluants, plusieurs pistes sont évoquées. La plus efficace : privilégier l’eau du robinet plutôt que celle en bouteilles. Cela pourrait réduire l’exposition de 90%. D’autres gestes incluent : bannir le plastique chauffé (bye bye les tupperwares au micro-ondes !), préférer le verre et l’inox pour stocker ses aliments, filtrer l’air intérieur avec un purificateur, limiter les aliments ultra-transformés et la viande, et puis, pratiquer du sport, car la sueur aiderait à éliminer ces particules. Si les effets à long terme des NMP sur la santé restent flous... La pollution plastique, elle, ne fait qu'exploser. Chaque année, 460 millions de tonnes de déchets plastiques sont produits. Chaque minute, 15 tonnes finissent dans les océans. Et même si la production de plastique s’arrêtait demain, ce ne serait qu’un sursis. Les polymères existants mettent des décennies à se dégrader. Les micro et nano plastiques continueront donc encore longtemps d’envahir notre environnement… et nos cerveaux.
Réalisation :
Léocadie Martin
Production :
Universcience
Année de production :
2025
Durée :
3min00
Accessibilité :
sous-titres français