En Grèce, l'île de Santorin est en état d'urgence.
En cause, des séismes à répétition. Plus de 20 000 ont été enregistrés, dont 500 d'une magnitude considérable. Alors comment expliquer un tel phénomène ? Et la fin de cet épisode est-elle pour bientôt ?
Séismes à Santorin : à quand la fin ?
- Un séisme, c'est une rupture à l'intérieur de la croûte terrestre, une rupture très rapide, donc avec deux compartiments qui vont coulisser l'un par rapport à l'autre le long de ce qu'on appelle un plan de faille. 26, 27, 28 janvier, c'est la phase d'augmentation de cette crise sismique qui va durer jusqu'au 16 février, à peu près. Et au cours de cette période-là, on va avoir un peu plus de 500 séismes enregistrés. Alors 500 séismes, ce n'est pas beaucoup pour la sismicité de la Grèce. Et là, la particularité de cet événement, c'est qu'il y a beaucoup de séismes de forte magnitude. D'ordinaire, les crises sismiques en Grèce sont composées d'un événement principal suivi de ce qu'on appelle les répliques. Ici, on est en train de parler de magnitudes comprises entre 4 et 5. On a observé des déformations qui atteignent 7 mm par jour de mouvement vers le bas et puis de mouvement vers l'ouest, également 7 mm par jour. Donc ce sont des quantités très élevées pour un mouvement tectonique. Il y a eu un débat dans la communauté scientifique pour savoir s'il s'agissait d'une source magmatique ou d'une source tectonique. La conclusion qui prévaut actuellement est que cette activité de février 2025 est l'activité d'une faille. On n'observe pas de preuves de présence de magma dans cette faille qui a glissé au cours de la partie la plus intense de la crise.
Une crise sismique qui a débuté fin janvier. Mais en réalité, sur les 6 derniers mois, des indicateurs présageaient un tel événement.
- La crise de Santorin a débuté à l'été dernier. Elle n'a pas débuté en février quand les médias s’en sont aperçus. On s'aperçoit d'un certain nombre d'indices qui étaient là et qu'on n'a pas forcément interprétés immédiatement. Il s'agit d'une part des déformations du sol qui ont démarré à l'été 2024 et d'autre part de la sismicité qui est apparue à la mi-septembre 2024. C'est cette sismicité de septembre 2024 qui a éveillé l'attention et qui a fait prendre des mesures pour renforcer le réseau sismologique. Cependant, la communauté scientifique ne parlait pas de la possibilité d'occurrence d'un événement similaire à celui de 2011-2012.
2011, année d’une crise comparable à celle-ci au même endroit. Depuis le 20 février, les amplitudes des tremblements sont bien moins importantes et restent sous haute surveillance.
- Le nombre de stations sismologiques a augmenté. Maintenant, au lieu de 3 stations de mesure géodésique, il y en a 20. En plus, nous sommes en train de déployer des instruments aussi à la périphérie, sur les îles avoisinantes. Et donc, le dispositif d'observation est beaucoup augmenté. Le dispositif d'observation géochimique également, au centre de Santorin. Et puis, le dispositif d'observation sous-marin est en cours d'être augmenté. On ne peut pas aujourd'hui dire quand cette activité va s'arrêter. En 2011-2012, la crise a duré 500 jours. La crise actuelle qui a démarré à l'automne 2024, pour l'instant, n'a duré que 200-250 jours. Et donc, on est dans des échelles de temps qui sont comparables.
Et une dernière inquiétude subsiste. Le volcan sous-marin Kolumbo, situé à 8 km au nord-est de Santorin, se réveillera-t-il un jour ?
Le volcan de Santorin est célèbre pour son activité d'il y a 3600 ans. C'est l'éruption qu'on appelle l'éruption Minoenne qui a eu un impact très important sur les habitants de Santorin, mais aussi sur les habitants des îles voisines. Nous ne savons pas quand aura lieu la crise suivante. Et donc, il doit être surveillé. La question n'est pas véritablement de s'inquiéter. Il faut observer avec tout un ensemble d'appareils modernes, et nous en avons beaucoup, qui sont en capacité de nous permettre de suivre l'évolution du phénomène.