Au cœur de Paris ce matin-là, c'est une improvisation étonnante qui va prendre son envolée. Ce groupe de musiciens a rendez-vous à l'Ircam. Un centre de recherches dédié à l'acoustique et la musique. Dans ce studio, la session va se dérouler sous l'œil de ces chercheurs. Il y a une série de micros auprès des instruments. Ils captent l'acoustique de l'instrument. Ce son est envoyé à un dispositif qui le numérise et le fournit à l'ordinateur. Ce-dernier l'analyse, réagit à ce que font les musiciens et improviser. Un 4ème musicien mais virtuel. Tentez de le distinguer. L'improvisateur fantôme se fait entendre par les haut-parleurs. Ces ajouts sonores sont déclenchés par ce logiciel. Grâce à des algorithmes, celui-ci improvise en direct avec l'aide de sa mémoire. Quand les musiciens produisent un événement musical, une note, un accord ou un son quelconque, des points de cette mémoire s'activent. Des points d'intérêt que le logiciel détecte entre le morceau et ceux déjà stockés dans son cerveau artificiel. L'ordinateur aura tendance à aller dans ces zones de la mémoire qui s'apparient avec le jeu du musicien. Il y a une note, un timbre, un rythme, un élément musical qui se ressemblent, avec une proximité entre le jeu du musicien et la mémoire. Comment enrichir la mémoire du logiciel ? Ici, les musiciens ont fourni des morceaux avant la séance. De simples fichiers audio analysés par l'ordinateur en quelques minutes seulement. Voici une représentation de ce que le système comprend du fichier audio. Tous ces disques colorés correspondent à des tranches de musique aux caractéristiques musicales communes si elles ont la même couleur. Comme la hauteur de notes, la rapidité, les traits musicaux, l'intensité, le niveau sonore, l'harmonie. Pour affiner les réponses du logiciel, ces musiciens devront s'entraîner plusieurs fois. Le but est de faire de la musique, on ne doit pas entendre la technologie. On ne doit pas entendre des choses qui sont possibles de faire. Un auditeur n'a pas besoin de comprendre. On doit essayer de ressentir. Une intelligence artificielle au service de la création musicale. L'idée peut paraître nouvelle. Pourtant, cette co-créativité est pensée par les scientifiques depuis plus de 20 ans. On ne va pas remplacer les humains, on va plutôt créer un monde à partager avec les machines. Comment partager des temps musicaux ? Comment partager l'intelligence musicale, la sensibilité musicale ? Par le bais de ce partage, étrangement, la société se confronte à un nouveau problème : comment faire de la place et partager le monde humain avec des choses non-humaines, des machines ? L'intelligence artificielle amène à des duos surprenants. En studio 2, voici le pianiste Alexandros Markeas et son nouveau partenaire. Vous ne rêvez pas. Ce piano joue tout seul, guidé par l'ordinateur. Quand le logiciel décide de jouer quelque chose, il envoie des morceaux de partition qui sont joués par les moteurs cachés derrière les touches. Un pianiste particulier avec qui cet artiste compte bien développer sa créativité. Il peut jouer avec une virtuosité au-delà des possibilités de l'humain. Il peut se comporter comme une machine. C'est très stimulant. C'est impossible avec un autre musicien. La mémoire du logiciel est enrichie à partir d'enregistrements du pianiste. L'idée est que la machine s'imprègne de son style même s'il restera toujours une part d'imprévu. On peut éduquer le logiciel mais on peut aussi, c'est l'intérêt du projet, contrôler ou composer la manière de répondre. Tout ce qui n'est pas précisé, il le décide seul. Quand il reçoit un ordre comme : joue aigu. Il choisira la manière de jouer aigu. Mais l'intelligence artificielle sera-t-elle un jour accessible au grand public ? La réponse se cache derrière ces murs. Dans cette start-up, on développe des guitares différentes. Elle fait comme ce qu'on a avec des pédales d'effets, des amplis. Mais tout est embarqué dans la caisse de la guitare via la vibration. Une idée du projet est d'aller plus loin dans l'interaction où on va commencer à dialoguer avec sa guitare. Elle va nous répondre, nous offrir un accompagnement dédié à ce qu'on est en train de jouer. Pour cela, la start-up s'associe aux chercheurs de l'Ircam. Leur système interactif pourrait être intégré directement dans leur guitare. Dans ce que propose l'Ircam, il y a des outils polyvalents qui s'appliquent à des contextes différents. Nous piochons dans ces technologies pour chercher ce qui répond aux fonctionnalités voulues par les guitaristes. Pour l'instant, la prouesse technologique est loin. Ce serait une première mondiale.