Une bactérie visible à l’œil nu pouvant s’attraper à la pince à épiler… pas facile à admettre pour des biologistes ! Cette découverte est le fruit d’un patient travail mené parune équipe franco-américaine. Tout commence en 2009, lorsque des biologistes de l’université des Antilles observent pour la première fois de minces filaments blancs à la surface de feuilles de la mangrove en décomposition. Les chercheurs constatent assez rapidement qu’il s’agit d’un organisme unicellulaire, à l’instar d’une bactérie. L’analyse de son génome indique qu’il appartient à la famille Thiomargarita, un groupe de grandes bactéries déjà connu, qui se nourrissent pour se développer de sulfures, présents dans certaines eaux. Thiomargarita magnifica, bouleverse l’idée qu’on se faisait jusqu’à présent de la taille d’une bactérie : elle est 5 000 fois plus grande que les autres géantes connues ! Elle peut ainsi mesurer jusqu’à deux centimètres, contre deux à cinq micromètres en moyenne pour ses congénères. La taille d’un cil humain. Pour mieux appréhender ce gigantisme, un chercheur proposent l’analogie suivante : cette bactérie représente un être humain aussi grand que le mont Everest. Restait ensuite à apporter des preuves scientifiques irréfutables de l’identité de cet organisme. Cela a été réalisé grâce à l’expertise et les moyens techniques apportés par le laboratoire américain de Berkeley, spécialisé dans le séquençage de génome. Grâce un microscope trois dimensions à très fort grossissement, l’image de la bactérie est reconstituée. Elle confirme que le filament ne forme bien qu’une seule et même cellule. Cette bactérie géante se révèle aussi bien plus complexe que les bactéries connues. Chez ces dernières, l’ADN flotte librement dans la cellule, alors que chez Thiomargarita magnifica il est présent dans des pépins, des sortes de petites vésicules entourées d’une membrane. L’adn, contenant l’information génétique, est ainsi isolé du reste de la cellule. C’estune caractéristique des cellules humaines, animales ou végétales qui n’avait jamais été retrouvée chez une bactérie jusqu’à présent. Cette découverte rebat les cartes des connaissances en microbiologie. Et elle offre une opportunité unique : celle de comprendre l’émergence de la complexité chez une bactérie vivante.
Réalisation :
Véronique Marsollier , Alexis Lardilleux
Production :
Universcience
Année de production :
2022
Durée :
2min45