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Les aliments « ultratransformés » occupent près de la moitié des rayons des supermarchés © AFP/Archives Joël Saget

L’abus de plats industriels « ultra-transformés » augmente le risque cardiovasculaire et de décès, suggèrent deux études européennes menées auprès de plus de 120 000 personnes et publiées le 30 mai dans le British Medical Journal (BMJ). 

Ces nouvelles études, même si elles ne permettent pas de démontrer un lien direct de cause à effet, renforcent les arguments de travaux précédents liant les plats hautement transformés à un risque accru d’obésité, d’hypertension artérielle, voire de cancers.

Des aliments sont considérés « ultra-transformés » quand ils ont subi des procédés industriels de transformation (huile hydrogénée, amidon modifié, etc.) et contiennent de nombreux ingrédients, notamment des additifs. 

Un plat préparé, sans additifs, congelé ou pas, n’en fait pas partie. Mais la plupart des plats prêts à réchauffer, les sodas sucrés ou contenant des édulcorants, les « steaks » végétaux reconstitués avec additifs, les saucisses, les soupes en poudre et les snacks en général en font partie.

Ils sont généralement plus riches en sel, graisses saturées, sucre et pauvres en vitamines et en fibres, selon les chercheurs. S’y ajoutent des contaminants provenant des emballages et des contenants en plastique.

Ce type d’aliments représente plus de la moitié des apports énergétiques dans de nombreux pays occidentaux, selon l’Inserm.

La nouvelle étude française de l’Inserm dirigée par la Dr Mathilde Touvier porte sur plus de 100 000 participants, en majorité des femmes, participant à l’étude NutriNet-Santé (suivis entre 2009 et 2018, sur six ans maximum). Elle a évalué la consommation de 3 300 aliments et boissons, classés selon leur degré de transformation industrielle.

La consommation d’aliments « ultra-transformés » s’est révélée être associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires (1 409 cas sur les 105 159 participants), et en particulier de maladies coronariennes (665 cas) et de maladies cérébro-vasculaires (829 cas).

Une augmentation de dix points de pourcentage d’aliments « ultra-transformés » dans la nourriture – en passant par exemple de 15 % à 25 % – est associée à une augmentation de 12 % du risque de maladies cardiovasculaires (13 % pour les maladies coronariennes et 11 % pour les AVC et leur forme transitoire).

Lien avec la mortalité 

« L’étude ne permet pas à elle seule de conclure à un lien de cause à effet, mais l’association entre aliments “ultra-transformés” et risque de maladies cardiovasculaires est statistiquement significative en tenant compte des autres caractéristiques des participants (tabac, alcool, niveau d’activité physique, statut socio économique, âge, sexe, poids etc.) », explique Mathilde Touvier.

« Par exemple, à statut tabagique, niveau d’activité physique et poids équivalents, les personnes qui avaient une proportion d’aliments “ultra-transformés” dans leur alimentation plus élevée avaient plus de risque de développer une maladie cardiovasculaire », ajoute-t-elle. 

L’étude de Maira Bes-Rastrollo (université de Navarre, Pampelune, Espagne) et ses collègues évalue quant à elle les associations possibles entre l’ingestion d’aliments « ultra-traités » et le risque de décès, quelle qu’en soit la cause. Elle porte sur 19 899 diplômés universitaires espagnols (dont 12 113 femmes) âgés en moyenne de 38 ans.

Là aussi, les aliments ont été regroupés selon le degré de transformation et les décès ont été dénombrés sur une moyenne de 10 ans. 

Selon cette étude, une consommation plus élevée d’aliments « ultra-transformés » (plus de quatre portions par jour) est associée à un risque accru de mortalité toutes causes confondues de 62 %, comparativement à une consommation moindre (moins de deux portions par jour). 

Chaque portion journalière supplémentaire d’aliments « ultra-transformés » augmentait le risque de mortalité de 18 %. 

Une étude américaine récente relevait aussi une association entre aliments « ultra-transformés » et risque plus élevé de mortalité de toutes causes avec un échantillon représentatif d’adultes américains.

« Il ne faut pas être alarmiste et dire que si on consomme de temps en temps un plat “ultra-transformé” ou un soda, on augmente son risque de faire un accident cardiaque de 12 %. C’est la consommation régulière qui importe », souligne la Dr Touvier qui, comme ses collègues, prône la consommation d’aliments bruts (légumes, fruits, poisson, lentilles, noix...).