L’activité volcanique a assis la domination des eusauropodes il y a 180 millions d’années
Publié le - par Le Blob.fr, avec l'AFP
Un changement climatique coïncidant avec une intense activité volcanique a assis la domination des eusauropodes, des dinosaures à long cou, parmi les grands herbivores de la planète il y a 180 millions d’années, selon une étude parue mercredi. Ils sont issus du sous-ordre sauropodomorpha, qui va développer ses lignées depuis environ 230 millions d’années, pendant l’ère géologique du Trias. Avec des espèces toutes herbivores mais très diverses, d’un poids allant de 10 kg à plus de cinq tonnes. Soixante millions d’années plus tard, au milieu de l’ère du Jurassique, la seule lignée survivante, est l’eusauropode (le « vrai sauropode »). L’étude du paléontologue argentin Diego Pol et de ses collègues, parue dans les Proceedings of the Royal Society, « montre que la domination des eusauropodes est survenue après un évènement magmatique (volcanique) massif, touchant le sud du Gondwana », un des deux supercontinents de l’époque, il y a environ 180 millions d’années.
L’eusauropode est emblématique de deux extinctions de masse, ces évènements de l’histoire du vivant, qui ont vu disparaître des quantités d’espèces à la suite de catastrophes géologiques, climatiques ou d’origine extra-terrestre. Celle intervenue à la charnière du Trias et du Jurassique lui assure la domination chez les herbivores. Celle qui interviendra il y a 66 millions d’années, généralement attribuée à l’impact d’une météorite ayant bouleversé le climat, marquera sa disparition, et celle de tous les dinosaures. Jusqu’à leur disparition, les eusauropodes seront les plus gros animaux terrestres, les plus petits faisant 10 mètres de long, la plupart atteignant 15 à 20 mètres, pour un poids de huit à seize tonnes, selon le département de géologie de l’Université du Maryland. Le spécimen d’un lointain descendant, le titanosaure, découvert en Patagonie et exposé au musée d’Histoire naturelle de New York, atteint 37 mètres de long et 70 tonnes, soit l’équivalent de dix éléphants africains.
Crâne presque complet
L’équipe de Diego Pol affirme avoir découvert « le plus ancien eusauropode connu à ce jour, avec un crâne presque complet ». Baptisé Bagualia alba, vieux de 179 millions d’années, il a été mis au jour dans une région de Patagonie, Chubut, riche en fossiles de l’époque. Son âge marque « le début d’une faune dominée par les eusauropodes dans ce bassin », selon l’étude. Or, les couches sédimentaires de l’endroit, le bassin Canadon Asfalto, « enregistrent un changement majeur dans la faune des dinosaures herbivores, ainsi que des changements de la flore et de l’environnement », concomitants avec des épisodes volcaniques majeurs.
La flore d’origine, mêlant prèles, fougères, conifères et plantes à graines se plaisait dans des conditions humides. Mais les températures ont monté et la sécheresse s’est faite saisonnière, favorisant la domination de conifères à petites feuilles en écailles. Un phénomène survenu aussi dans l’hémisphère nord à cette époque, selon l’étude. Le changement a favorisé Bagualia alba et ses congénères. Un long cou leur permettait d’atteindre facilement tout feuillage. Leur grosse taille facilitait, grâce à celle de leur estomac, la digestion de fibres. Surtout, leur dentition, avec des mandibules robustes, des dents épaisses et larges de plusieurs centimètres, s’est adaptée à un régime alimentaire de feuilles coriaces, dures et fibreuses.
Cet environnement « a sans doute agi comme un régime de sélection sévère favorisant la survie et le succès des eusauropodes », selon l’étude. Inversement, il a sans doute contribué à l’extinction des lignées d’herbivores de plus petite taille, dont l’appareil dentaire était peu adapté à ce nouveau régime. Comme Leonerasaurus, un petit sauropode, d’environ 2,5 m de long, découvert dans la même région de Patagonie que Bagualia alba. Pour Diego Pol et ses collègues, leur découverte « est peut-être la première preuve documentée des interactions entre plantes et herbivores dans l’évolution des dinosaures ». Ils supposent aussi, compte tenu de la présence de la végétation de conifères et de la population de ces dinosaures sur Terre, que cette interaction constatée dans l’actuelle Patagonie, ait reflété un évènement global.