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Ecran montrant le lancement de la sonde émiratie Al-Amal en route pour Mars depuis le Japon, le 19 juillet 2020 au Centre spatial Mohammed bin Rashid (MBRSC) de Dubaï © AFP Giuseppe CACACE

La sonde émiratie « Al-Amal » (Espoir), première mission interplanétaire arabe, a été lancée lundi avec succès depuis le Japon, en route pour l’orbite de Mars dont elle devra fournir des images pour mieux comprendre son atmosphère et son climat.

Le décollage de cet engin spatial non habité, retransmis en ligne et en direct, a eu lieu comme prévu depuis le centre spatial de Tanegashima (sud-ouest du Japon) à 6 h 58 heure locale (dimanche 21 h 58 GMT), après deux reports la semaine dernière en raison du mauvais temps. Quasiment une heure après le décollage, des applaudissements ont retenti dans la salle de contrôle japonaise quand la sonde s’est séparée de son lanceur H-IIA numéro 42 de la société nippone Mitsubishi Heavy Industries. Le décollage a aussi été vécu avec fierté et émotion dans les Émirats arabes unis (EAU). Le Burj Khalifa de Dubaï, la plus haute tour du monde, avait symboliquement projeté un compte à rebours de dix secondes sur son immense façade avant le décollage.

« Cette mission est une étape importante pour les EAU et leur région », a déclaré Yousuf Hamad Al Shaibani, directeur général du Centre spatial Mohammed bin Rashid (MBRSC) de Dubaï lors d’une conférence de presse au Japon après le lancement. Ce projet « a déjà inspiré des millions de jeunes » dans le monde arabe pour « rêver en grand et travailler dur pour réaliser ce qui paraît impossible », a-t-il ajouté. Al-Amal envoie « un message de fierté, d’espoir et de paix dans le monde arabe », a aussi commenté le gouvernement des Émirats sur Twitter. « Nous renouons avec l’âge d’or des découvertes arabes et islamiques ».

Images inédites espérées

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La sonde "Al-Amal" © AFP Cléa PÉCULIER

La sonde devrait commencer à orbiter autour de Mars d’ici février 2021, à l’occasion du 50e anniversaire de l’unification des sept principautés qui forment les Émirats arabes unis. Cette mission doit étudier l’atmosphère de Mars pour « fournir une première compréhension complète » de ses variations climatiques sur une année entière, a rappelé Sarah al-Amiri, ministre des Technologies avancées des Émirats et directrice adjointe du projet, qui était aussi présente au Japon au moment du lancement. À compter de septembre 2021, Al-Amal doit en effet commencer à livrer des images de la planète rouge depuis son orbite pendant toute une année martienne, soit 687 jours terrestres.

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Un homme prend une photo de l'écran montrant le lancement de la sonde émiratie Al-Amal en route pour Mars depuis le Japon, le 19 juillet 2020 au Centre spatial Mohammed bin Rashid (MBRSC) de Dubaï © AFP Giuseppe CACACE

Plus connus pour leurs immenses réserves de pétrole et de gaz naturel, leurs gratte-ciel et leur goût du luxe, les Émirats arabes unis ambitionnent de devenir un acteur majeur dans le domaine des sciences et des technologies. En septembre dernier, Hazza al-Mansouri est devenu le premier Émirati envoyé dans l’espace, au côté d’un équipage de trois membres à bord d’une fusée russe Soyouz. L’astronaute est aussi le premier citoyen arabe à visiter la Station spatiale internationale (ISS). Les ambitions du richissime État du Golfe vont encore plus loin puisqu’il projette d’établir une colonie humaine sur Mars d’ici moins d’un siècle. Afin de s’y préparer, il prévoit de créer une gigantesque « cité scientifique » dans le désert en périphérie de Dubaï, pour simuler les conditions martiennes et développer la technologie nécessaire pour coloniser la planète rouge. Fondé en 2006 à Dubaï, le Centre spatial Mohammed Bin Rashid a été le fer de lance du projet Al-Amal auquel ont participé quelque 450 personnes, dont plus de la moitié émiratie.

Ruée vers Mars

La sonde émiratie inaugure cet été une véritable ruée vers Mars, puisque deux autres missions non habitées, l’une chinoise, l’autre américaine, doivent prochainement partir vers cette planète en raison d’une fenêtre de tir favorable depuis la Terre. À ce jour, seuls les États-Unis, l’Inde, la Russie et l’Agence spatiale européenne ont placé avec succès des sondes autour de Mars.

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© AFP Jonathan WALTER

Et seuls les Américains ont réussi à y faire atterrir des robots intacts : quatre atterrisseurs (fixes), et quatre engins mobiles appelés rovers (Pathfinder, Spirit, Opportunity et Curiosity, le seul encore actif). Les États-Unis comptent envoyer cet été leur rover martien le plus sophistiqué à ce jour, « Perseverance », qui va tenter d’y déterrer des preuves que des microbes vivaient sur cette planète il y a trois milliards et demi d’années. La Chine s’apprête aussi à expédier d’ici fin juillet une sonde et un petit robot téléguidé vers Mars, sous le nom de mission « Tianwen-1 ».